« Envoyé vers les frères de l’autre rive ». Dans le sillage de la rencontre entre Saint François d’Assise et le sultan Malik al-Kamil

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Le Père Gwenole Jeusset, franciscain, n’est plus très jeune, mais son cœur vibre encore de toutes ses expériences de rencontres « vers les frères de l’autre rive ». Le livre qu’il nous offre n’est pas un exposé ou une théorie à propos des rencontres interreligieuses. Ce qu’il nous offre est un témoignage sur sa vie qui ne fut que recherche de rencontres avec les non-chrétiens, plus spécialement les musulmans.

« Les frères de l’autre rive ». Cette image est mentionnée en couverture et exploitée sur plusieurs pages. La « tempête apaisée » est mentionnée à plusieurs occasions. Il faut sortir de soi au risque du vent et de la peur pour porter le Bonne Nouvelle, malgré les tempêtes aussi bien extérieures qu’à l’intérieur de notre cœur (p. 3). Avec lui, il nous faut ressentir cet appel « à bondir dans la barque et voguer vers l’autre rive » (p. 85).

Cela n’a pas été facile et ne sera jamais facile. Mais il faut savoir accepter la contradiction, les incompréhensions, comme les rebuffades venant de l’autre rive (p. 37). C’est une invitation à rester debout dans la tourmente, nous dit-il encore (p. 158). L’attitude la mieux appropriée sera alors l’humilité : « Ferme dans la sérénité et la courtoisie, gardant le cœur au Seigneur qui nous tend les mains à l’un comme à l’autre » (p. 45). Ou encore, il nous parle d’avoir « un lucide espoir envers l’homme et une indéfectible espérance envers Dieu » (p. 153).

Dans de telles circonstances, l’auteur nous invite à avoir confiance en l’Esprit Saint qu’il nous présente comme « l’artisan de la communion » mais aussi comme « l’artiste de la réconciliation » (p. 88). Mais il nous avertit : réconciliation et rencontre sont surtout l’œuvre de l’Esprit. C’est Lui qui nous guidera pour une rencontre « dans l’énorme espace des valeurs spirituelle » (p. 94). Alors, s’il fallait avoir peur, « ce sera de ne pas travailler à la fraternité » (p. 97).

Faut-il parler d’utopie dans ce domaine islamo chrétien ? Peut-être ! Mais il prend soin de présenter ceux pour qui ces rencontres étaient devenues une réalité. Il fait allusion au P. Paolo d’All Oglio dont on est sans nouvelles depuis des années et au P. Christian de Chergé qu’il voudrait voir proclamer Docteur de l’Eglise, en raison de son engagement et de ses réflexions sur les rencontres islamo-chrétiennes. Aller de l’avant, même avec quelques « idées folles », comme il le mentionnera à l’occasion de sa visite au tombeau de Mevlana Rumi (p. 146).

On pourra s’arrêter sur sa conclusion : « L’amour triomphera de la haine ». Il nous invite à étudier l’islam mais surtout à participer à des rencontres vraies. « Il faut aimer pour connaître et connaître pour aimer davantage. » écrit-il. Mais ces rencontres et amour resteront réalistes. Il ne faut pas se voiler les yeux devant ceux et celles que nous rencontrerons : « Comme dans le christianisme, j’ai rencontré dans l’islam des intégristes et des saints, des docteurs de la loi et des imbéciles, mais aussi beaucoup de gens vivant calmement et généreusement leur religion » (p. 160). Finalement, on pourra comme lui se remettre face à Dieu avec tous ces réalités musulmanes qui peuvent nous interpeller et nous dépasser : « Pour moi, l’Islam est d’abord un mystère. Comment Dieu a-t-il permis cette expression religieuse six cents ans après Jésus ? Je remets ce mystère entre les mains de Dieu » (p. 159).

Grand merci pour cette véritable profession de foi, qui est presque un testament spirituel. Espérons qu’elle pourra susciter de nouvelles vocations au service des rencontres islamo-chrétiennes et faire naître ainsi une nouvelle « cohorte de moissonneurs » (p. 160).

Père Gilles Mathorel

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