« Mais au fait, qui était vraiment Mahomet ? »

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Dès la couverture du livre, on a une première idée de la teneur de l’ouvrage : il ne s’agit pas tellement d’un livre scientifique, mais plutôt du genre conversation familière, « au coin du feu »…

Ismaël Saïdi est celui qui reçoit l’enseignement tandis que Mikaël est l’enseignant et devient ainsi l’auteur principal. Dès l’introduction, les objectifs sont clarifiés : permettre aux 15/20 ans de s’approprier l’histoire de Muhammad dans un langage qui leur parle (p. 8). Il s’agira à la fois d’un simple ouvrage de vulgarisation, doublé d’un regard critique sur ce qui est pensé ou présenté comme l’histoire de Muhammad et de l’Islam en général (p.10).

Le chapitre 1er nous présente La Mecque à ses origines. Il semble qu’elle n’était pas une ville si importante. C’est pour des raisons religieuses que la Tradition des premiers musulmans a pu « enjoliver l’importance de la Mecque » (p. 42).

Le chapitre 2 cherche à retracer l’enfance du petit Muhammad, orphelin. Malheureusement, jusqu’à présent, aucun document historique n’est disponible à ce sujet. Il a donc fallu construire une histoire et fixer une tradition par écrit. La vie du jeune prophète pourrait alors être considérée seulement comme sorte de décor pour un discours éducatif ou normatif. Nous serions donc ainsi face à une construction de l’histoire qui par la même occasion pouvait répondre aux besoins de merveilleux du simple croyant. Le chapitre 3 est un commentaire historico-critique à propos des premières révélations faites à Muhammad. Y-a-t-il eu véritablement une révélation dans la caverne de Hira ? Comment évaluer la véridicité de l’expérience spirituelle de Muhammad ? L’auteur est alors très honnête dans ses conclusions quand il écrit : « Croire ou non en la vérité de cet événement relève du domaine de la foi et non des sciences historico critiques. » (p. 107)

Tout au long du livre, l’auteur continue dans la même perspective : essayer de retrouver la vérité historique. Ainsi, comment Muhammad va-t-il réunir des partisans ? Il souligne alors que, dans aucune des versions rapportées, Muhammad n’ait parlé de foi ou de croyance. Pas un seul mot sur Dieu ou tout ce qui pourrait relever d’un quelconque contenu théologique (p. 286) Il se serait limité à des instructions de morale pratique.

« Et Dieu dans tout ça ?» Sur ce point, les quatre dernières pages du livre sont trop courtes et très succinctes. La critique scientifique et historique de toute religion est une chose bonne et nécessaire. Mais il ne faudrait pas prendre le risque de « jouer » avec la foi des croyants. Toute recherche historique se base sur la réalité telle qu’elle apparait aujourd’hui. Mais elle peut avoir des conséquences positives ou négatives concernant la foi des croyants. Il faut être vrai mais toute vérité n’est pas toujours « bonne à dire » de manière brute sans accompagnement. Or nos auteurs traitent cet aspect-là d’une manière assez légère. Ainsi, Ismaël Saidi mentionne bien : « Moi, je pense qu’on peut croire en Dieu et au message de Muhammad, tout en acceptant qu’il ait pu le tordre un peu à des fins personnelles » (p.231). Mais Mikaël prends de la distance : « Ce n’est pas à moi de te dire si Dieu existe ou pas … ce que l’histoire nous rapporte avec certitude, c’est la croyance inoxydable de Muhammad en cette voix intérieure… Moi, je crois en cette voix. Libre à chacun d’imaginer ce qu’il y a derrière » (p.299-300).

En cela, le livre ne peut pas être remis entre toutes les mains. Mais il est riche en détails historiques qui ne seront pas toujours facilement acceptés car la majorité des croyants a encore du mal avec la dimension humaine et historique de Muhammad (p.232).

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