Voilà un livre à deux voix rare, puisqu’il fait dialoguer un imam et un rabbin, devenus Frères amis. On pourrait dire à trois voix puisque la journaliste à l’initiative de l’ouvrage et qui conduit les entretiens entre Mahmoud  Doua et Yonathan Lévi est chrétienne.

C’est pour faire front à « la montée du communautarisme, la méconnaissance, l’intolérance, la haine, et le racisme » que ce livre a été écrit, comme le dit Gwenaëlle Guerlavais dans sa préface. Les mêmes raisons fondent l’engagement des deux religieux et universitaires sur le terrain pour lutter ensemble contre l’inculture religieuse et désamorcer les conflits près de Bordeaux. Les paroles ici échangées sont donc bien enracinées dans l’action concrète, en particulier auprès de jeunes.

L’ouvrage présente tout d’abord « l’imam républicain », originaire de Mauritanie, dans l’ethnie des Chorfa, descendante du prophète Mohammed, et le « rabbin patriote », parisien, « né du bon côté de la vie » et marié à une pasteure. Ils expliquent à quatre mains les raisons de ce livre en réaction aux attentats et pour combattre la méconnaissance, car « on ne hait pas celui que l’on connaît ».

Les deux religieux dialoguent ensuite sur leurs différences et ressemblances à propos de la foi et de la Loi religieuse, avant d’interroger les racines de la discorde entre juifs et musulmans et d’appeler à se « redécouvrir » pour construire un avenir fraternel à travers, en particulier, des initiatives communes.

Ce livre de questions/réponses plein d’espérance est construit de manière pédagogique et attrayante. Il est ponctué de dessins humoristiques, de citations des Ecritures saintes des deux Traditions ou de grands spirituels, chaque chapitre se concluant par une page de ce qu’il faut retenir. L’ouvrage se termine par un utile glossaire. La postface rédigée par la pasteure Catherine Stoerkel, épouse de Yonathan Lévi, ajoute une quatrième voix dans ce concert bien venu pour une République apaisée que tous quatre veulent défendre.

Colette Hamza