Un moine en otage en Syrie

Le titre accrocheur pourrait laisser supposer au lecteur qu’il va entrer dans une grande épopée, genre thriller, qui se terminera bien, puisque l’homme de Dieu retrouvera la liberté. Or ce livre est bien plus qu’un énième témoignage d’otage que l’on met en tête de gondole et qui provoque empathie et indignation. Il est de l’ordre du partage, de cœur à cœur, où la passion d’un homme pour un peuple, animé d’une foi vivante au Christ et pleinement enraciné dans la vie ecclésiale, transfigure le quotidien et évite tout anathème non justifié.

Aîné de cinq enfants, Jacques Mourad grandit à Alep, porté par leur foi, entre un père syriaque et une mère maronite. A 18 ans, il rentre au grand séminaire de l’Eglise syriaque catholique au Liban et fait rapidement connaissance avec un jésuite ordonné prêtre dans le rite syriaque, Paolo Dall’Oglio, aujourd’hui porté disparu depuis son enlèvement en juillet 2013, en Syrie.

Les pages consacrées à cette amitié féconde entre les deux hommes sont l’un des trésors du livre. Elles permettent en effet de percevoir comment ces deux prêtres en viennent à vouloir redonner vie à deux monastères (Mar Moussa et Mar Elian) qui ont marqué la vie des chrétiens d’Orient dans les siècles passés. Le lecteur suit leur recherche, leur enthousiasme, leurs divergences, leur complémentarité. Il est aussi invité à entrer dans la compréhension de ce qui tient tant à leur cœur, à savoir le dialogue islamo-chrétien. Celui-ci va pourtant se déployer à travers deux figures différentes, l’une plus enracinée dans le dialogue de vie, l’autre dans un dialogue plus spirituel. Mais ce qui frappe, c’est qu’en dépit des horreurs commises par le courant idéologique qu’incarne le djihadisme de Daech, il y a la volonté de poursuivre ce vivre ensemble entre chrétiens et musulmans, au cœur même des ténèbres.

Mais bien des pages sont consacrées au drame des chrétiens d’Orient et à la vie des populations se retrouvant soudainement sous la coupe de Daech. Elles permettent de comprendre de l’intérieur le fonctionnement de l’organisation Etat islamique et de découvrir que, parfois, mystérieusement, le cœur des bourreaux se laisse atteindre par l’autre et manifeste un court instant une réelle dimension d’humanité. Comment le même homme peut-il jouer sur les deux registres ?

En fin d’ouvrage, Jacques Mourad pousse un cri… de colère. Il ne peut se résigner au drame des réfugiés en Syrie, en Irak et au Liban. Il interpelle la communauté internationale et chacun d’entre nous pour que les uns et les autres reconnaissent leur part de responsabilité dans le drame actuel. Mais il lance aussi un vibrant appel pour que tous les croyants et hommes de bonne volonté lancent ensemble « une révolution mondiale contre la violence et pour la paix ».

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