Publication des Actes du colloque de Tours (28 et 29 mai 2016) avec une douzaine de contributions.

Si beaucoup ont entendu parler du Pardon islamo-chrétien du Vieux Marché en Bretagne, peu connaisse l’existence de la grotte des Sept Dormants de Marmoutier (Indre-et-Loire), en référence à une tradition très ancienne, chrétienne d’abord, musulmane ensuite.

Il est donc heureux qu’à l’occasion du Jubilé de Saint Martin célébré par le diocèse de Tours, théologiens chrétiens et musulmans, archéologues, historiens, sociologues et anthropologues se soient donnés rendez-vous pour permettre une meilleure connaissance de cette « légende » et de ce « culte ».

Dans la tradition chrétienne, les Sept Dormants sont sept jeunes gens d’Ephèse persécutés pour leur foi au IIIe siècle et qui auraient dormi plusieurs siècles avant de se réveiller miraculeusement. De nombreux textes grecs, syriaques, coptes, éthiopiens et arméniens en font mention dès le Ve siècle. Grégoire de Tours (538-594) les popularisent. Il en est né au XIIe siècle un culte des Sept Dormants à l’abbaye de Marmoutier de Tours, rendu non aux jeunes gens d’Ephèse mais au Sept Frères, cousins de saint Martin, revenus de pèlerinage avec de nombreuses reliques collectées à Rome, Jérusalem et Compostelle et mort en pleine oraison. Les apports de Marie-Laure Morbieu et d’Elisabeth Lorans aident à saisir les rapprochements.

Côté musulman, il faut se référer à la sourate XVIII dite « de la Caverne » qui nous parle des Gens de la Caverne, au nombre de sept, accompagnés d’un chien. Persécutés par l’empereur, les jeunes gens trouvent refuge dans une grotte. Ils implorent la miséricorde de Dieu qui va les protéger de façon à ce qu’ils ne soient pas vus pendant 309 ans, annonçant ainsi à tous la résurrection, pilier de la foi musulmane.

Mais ces Actes nous permettent aussi de réfléchir à des questions comme « la grotte et la retraite en islam » (Djamel Djazouli, « Le silence et le retrait du monde dans l’expérience monastique » (sœur Marie Ricard) et à « La retraite spirituelle et solitaire chez al-Ġazālī » (Emmanuel Pisani).

Les derniers chapitres sont consacrés à l’actualité de cette légende à travers une évocation, photos à l’appui, des cultes des sept Dormants en monde méditerranéen (Manoël Pénicaud) et des témoignages sur la dimension islamo-chrétienne de « pardons » ou « rencontres » autour de ces figures communes des Dormants et Gens de la Caverne (Marie-Françoise Quinton, Patrick Léger, Mohammed Loueslati et Ove Ullestad).

Vincent Feroldi