Solidarité et entre-connaissance en Béarn et au Pays basque
Au pied des Pyrénées, depuis des siècles, les destins des communautés confessantes se croisent et s’entrecroisent. Ils sont faits de rencontres, d’affrontements, de défiances, de solidarité, d’interpellations, d’accueil, d’ouverture ou de repliement… En témoignent la présence, au détour des chemins, d’une synagogue, d’un temple, d’une église, d’une sculpture, d’une tombe comme celle des enfants de l’émir Abd el-Kader à Pau, d’une inscription gravée dans la pierre, d’une fresque… ou d’un camp d’internement comme celui de Gurs (Pyrénées Atlantiques) qui, de 1940 à 1945, accueillit quelques 64.000 personnes de nationalités et religions diverses et vit 1.072 y perdre la vie.
Camp d’internement de Gurs (Pyrénées Atlantiques)
En ce mois de juin 2017, la communauté musulmane est tout à son Ramadan. Ce temps privilégié s’organise entre un jeûne de quelques 17 heures (de l’aube au coucher du soleil), une intense de vie de prière, de préférence à la mosquée, une lecture assidue du Coran, un partage réel mais discret à l’égard des pauvres et une forte vie de convivialité en famille et avec les amis au moment de l’iftar qui suit la rupture du jeûne.
Mihrab de la mosquée de Tarbes (Hautes Pyrénées)
Ainsi de la communauté de Pau. Sa mosquée est située avenue des Lilas et quatre salles de prière, situées sur plusieurs nouveaux, permettent à plus de 1.000 personnes de se rassembler au jour de grande fête. L’imam est d’origine marocaine. En temps de Ramadan, chaque soir, quelques 70 repas sont servis aux musulmans isolés, en particulier des réfugiés et migrants. Au centre culturel, les enfants et jeunes peuvent y apprendre l’arabe, à l’occasion de cours donnés le mercredi et le week-end. La mosquée a été partie prenante de la journée organisée par le Groupe d’amitié islamo-chrétienne de Pau, le 7 juin 2017, journée de jeûne, de formation, d’échanges, de prière et de partage. Si Mohamed Ajebbari, enseignant, évoqua la nécessité d’une herméneutique pour fonder une théologie de la réalité en ces temps où l’imaginaire l’emporte sur la vision objective, le P. Vincent Feroldi, directeur du Service national pour les relations avec les musulmans de l’Eglise catholique en France, développa une thématique très spirituelle : « Ouvrir les yeux sans fermer son cœur. Comment être acteur du dialogue entre chrétiens et musulmans aujourd’hui ».
Mohamed Ajebbari
A quelques kilomètres de là, à Oloron Sainte-Marie, ville de 11.000 habitants, les quelques 35 familles de la petite communauté musulmane se rassemblent dans une salle de prière. Cette dernière n’a pas d’imam, sauf en ce temps de Ramadan où elle s’est cotisée pour en faire venir un d’Espagne. Certains de ses membres rejoignent régulièrement protestants, catholiques et juifs au sein d’un groupe qui, d’œcuménique, est devenu interreligieux en 2015. Ce dernier est actuellement fortement investi dans l’élaboration d’une Charte de la Fraternité qui devrait être officiellement signée à la Mairie d’Oloron Sainte-Marie en septembre 2017. Beaucoup de croyants sont également mobilisés dans l’accueil des réfugiés et migrants, tout particulièrement depuis la fermeture de la « jungle » de Calais. Si la mairie s’est occupée des logements, il reste pour la plate-forme inter-associative tout un travail d’accompagnement et de formation, en particulier dans l’apprentissage du français.
Groupe interreligieux d’Oloron Sainte-Marie (Pyrénées Atlantiques)
Orthez (10.500 habitants) et Mourenx (7.500 habitants) sont également dotées d’une mosquée. En novembre 2015, au lendemain des attentats du Stade de France et du Bataclan, plus de 600 Mourenxois se sont rassemblés pour la paix et le vivre ensemble à l’appel des responsables religieux musulmans et catholiques.
Mosquée de Tarbes (Hautes Pyrénées)
Passons dans les Hautes Pyrénées. La ville de Tarbes dont la population dépasse les 40.000 habitants est dotée d’une très belle mosquée, avec minaret. Elle porte le nom de l’un des compagnons du prophète Mohamed : Omar Ibn Khattab. Le 8 juin dernier, elle accueillit le groupe interreligieux de la ville à l’heure de la prière d’Asr. S’en suivit un double enseignement donné par l’imam marocain de la mosquée et le père Vincent Feroldi, directeur du SNRM, avant qu’une fois faite la rupture du jeûne, se retrouvèrent pour l’iftar de nombreux jeunes musulmans réfugiés du Proche-Orient, de Tchétchénie ou d’Afrique subsaharienne.
Iftar à la mosquée de Tarbes (Pyrénées)
Retour aux Pyrénées Atlantiques. A Bayonne, la communauté musulmane du pays basque, composée de quelques 300 familles, qui accueillit le groupe interreligieux de Bayonne et le P. Vincent Feroldi pour un iftar le 9 juin 2017. Elle se rassemble dans le quartier de Sainte-Croix à la mosquée gérée par l’Association Culturelle des Musulmans de la Côte Basque (ACMCB) et inaugurée en 2014. Elle a été construite sur un terrain de 2.000 m² et dispose d’une capacité d’accueil de 300 personnes avec deux salles de prières, deux salles de cours, une bibliothèque et une salle de conférence. Un minaret symbolique surmonte la mosquée. La construction de cet édifice a coûté près de 700.000 euros.
Mihrab de la mosquée de Bayonne (Pyrénées Atlantiques)