4 forums régionaux islamo-chrétiens en France
QUATRE FORUMS ISLAMO-CHRÉTIENS SE SONT RÉUNIS EN FRANCE LE 4 JUIN 2016
Voir la présentation de l’événement par Urbi et Orbi (La Croix): « Quatre forums islamo-chrétiens régionaux et citoyens, le 4 juin«
Dans la suite d’initiatives de rencontre portées par quelques imams et prêtres de la région Rhône-Alpes à partir de 2006 et où ont particulièrement œuvré M. Azzedine Gaci (ancien président du CRCM Rhône-Alpes de 2005 à 2011) et le Père Vincent Feroldi avec le soutien et la participation de Monseigneur Philippe Barbarin (archevêque de Lyon depuis 2002), quatre forum régionaux (à Metz pour le Grand-Est, à Laval pour la Bretagne-Pays de la Loire-Centre, à Paris pour l’Île de France et le nord de la France, à Clermont-Ferrand pour le quart sud-Est) se sont réunis sur le thème: « chrétiens et musulmans: Croyants et citoyens solidaires ».
Ces forums régionaux se réunissent pour la seconde année consécutive et font suite à quatre forum nationaux islamo-chrétiens réunis à Lyon entre 2011 et 2015.
Les forums régionaux du 4 juin 2016 ont réunis, dans le même esprit que les précédents, des musulmans et des chrétiens investis dans le dialogue, que ce soit au titre de leurs fonctions institutionnelles ou de leurs engagements associatifs ou citoyens.
En images: à Laval
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Région de Metz: Samedi 4 juin 2016, quatre forums islamo-chrétien se sont déroulés en France. L’un d’eux fut organisé à Woippy. Echos de cette journée de rencontres entre chrétiens et musulmans engagés dans différents champs de la vie sociale.
Retour sur le forum régional islamo-chrétien à Woippy
LIEN VIDEO DU FORUM DE WOIPPY
En matinée, après le temps d’accueil par le sénateur-maire, Monsieur François Grosdidier et par l’abbé Jean Corso, plusieurs prises de parole et interventions se sont succédées :
Fatima Djemaï, musulmane, adjointe au maire de Châlons-en-Champagne a pu dire comment elle s’efforce comme élue de vivre et d’encourager tous les citoyens à prendre leur destin en main. De son côté, Marie-Alix Geisler, catholique, chef d’établissement de l’Ecole de la Providence La Salle à Nancy a exposé comment elle a organisé au fil des années un projet pastoral dans son école primaire, de manière à accueillir tous les enfants, quelle que soit sa religion et d’apprendre à chacun à être attentif aux autres. Cette école primaire est située dans un quartier où la population musulmane est nombreuse. Les enfants de cette confession sont majoritaires dans les classes « signe fort de la confiance faite par ces familles aux catholiques et dans les valeurs qu’ils proposent« . Elle a proposé au fil des années un fil rouge d’animation pour aider les enfants à se connaître, se respecter et s’entraider. Après les attentats parisiens, elle a organisé une visite de toutes les classes à la mosquée et à l’église voisine, de manière à éviter les fausses images que véhiculent le temps et les médias. Même si elle est consciente d’être à contre-courant, la directrice de l’école veut tisser des liens qui permettent d’aller vers les autres.
Amine Nejdi, neuropharmacologue, président du Comité régional du culte musulman s’est ensuite exprimé en dressant un panorama de la société et des relations avec les croyants. Après avoir évoqué les risques de conflits identitaires et le syncrétisme religieux, il a exposé la situation de sécularisation dans laquelle vit la population française, une forme de laïcité qui ne reconnaît pas au citoyen son droit d’expression religieuse, celle-ci devant se limiter à la sphère privée. Or, pour le leader religieux, « cette situation est une fausse apparence de neutralité, car la société est soumise à l’influence d’une minorité qui néglige une partie de l’identité de certains citoyens. Ceci génère des réactions de repli identitaire ou de volonté hégémonique d’imposer sa pensée religieuse« . C’est donc un appel au dialogue qu’a lancé Monsieur Nejdi, pour qu’au nom de leur commune humanité et des valeurs de leur foi, les croyants puissent œuvrer ensemble pour la société, mais aussi dans leur approfondissement spirituel. Cela se vit par une meilleure connaissance mutuelle et dans l’amitié.
De son côté, le Père Vincent Feroldi, directeur du Service national pour les Relations avec les musulmans s’est réjouit de l’organisation de ce premier forum dans le Grand-Est. Pour lui, chacun est constitué d’une triple identité : comme humain, comme croyant et comme citoyen : « Nous sommes frères en humanité, responsable ensemble de la sauvegarde de la maison commune, pour reprendre le titre de l’encyclique du pape François, Laudato Si’. Nous sommes tous croyants en Dieu, même si nos conceptions de Dieu sont différentes, tout comme nos pratiques rituelles. Nous sommes tous citoyens, même si nos pays d’origine sont différents. » Pour vivre la solidarité, le délégué des évêques a proposé de partir d’un extrait de l’évangile du chapitre 8 de Matthieu. En le commentant, il a montré que Jésus ouvre un chemin d’empathie qui permet de s’ouvrir au-delà des frontières de classe, de religion, de nationalité. « En 2016, il est urgent de trouver des champs prioritaires pour vivre cette solidarité et de voir les modalités de mise en oeuvre, en partenariat avec tous les hommes de bonne volonté qui veulent partager les défis de ce temps ».
FORUM ISLAMO-CHRETIEN ILE-DE-FRANCE / NORD 2016Paris, le 4 juin 2016
Nous avons d’abord accueilli le témoignage de deux délégués des Secours Catholique et Secours Islamique, Elisabeth Vaichère et Antoine Osbert. Ils nous ont partagé le travail de leurs organisations, les accueillis auxquels ils répondent, mais surtout l’esprit dans lequel ce travail de solidarité s’effectue, le projet de ces deux Secours, le sens de l’homme qu’ils véhiculent à travers leurs actions.
Puis, ce sont deux théologiens, l’un musulman, l’autre chrétien, Ahmed Jaballah et Marcel Annequin, qui nous ont aidés à entrer dans les textes des deux traditions religieuses pour y puiser la source du devoir de solidarité.
Après le repas, nous avons pris le temps de la prière respective.
L’après midi, trois « ateliers » ont permis à tous de s’exprimer et d’approfondir.
Les échanges qui ont suivi ce travail en ateliers ont abouti à aller un peu plus loin et à aborder une question moins facile : comment nos communautés de croyants, au-delà des individus, prennent-elles leur place dans la société laïque ? dans les efforts des citoyens pour une société plus solidaire et plus juste, quelques soient nos appartenances, y compris religieuses ?
Au terme de la journée, une remarque très importante a été faite : nos échanges ont été emprunts de franchise ! Pour cette deuxième année de forum régional, il est vrai que la confiance entre nous a grandi et qu’elle devient sans doute la première qualité à cultiver … pour l’avenir …
Jean Courtaudière