Décès du P. J.-F. Berjonneau, ancien délégué pour les relations avec les musulmans
Jean-François Berjonneau nous a quitté le 4 juillet 2025.
A 81 ans, le père Jean-François Berjonneau, du diocèse d’Evreux, est décédé dans un accident de la route.
Le Père Christophe Roucou a notamment rappelé qu’il « joua un rôle très important dans les « Relais Maghreb », ces chrétiens en lien avec les immigrés maghrébins. Le P. Christian Delorme écrit : « Jean-Francois, homme et prêtre particulièrement délicat dans sa relation aux autres, a été une grande figure des Relais Maghreb et de la Pastorale des Migrants. Il conjuguait en lui les qualités d’un Henri Le Masne (la même humilité foucauldienne) et d’un André Costes (la même rigueur intellectuelle, ce qui n’exclue pas la gentillesse !). »
Devenu évêque d’Evreux, Jacques Gaillot le choisit comme vicaire général. Il fut aussi responsable de la pastorale des Migrants pour l’Eglise de France. Ensuite, Il fut délégué pour les relations avec les musulmans dans le diocèse d’Evreux.
Prêtre de « Jésus caritas », cela s’enracinait dans une expérience fondatrice pour lui, ce temps passé en Algérie, mettant ses pas dans ceux de Charles de Foucauld, assumant des responsabilités, y compris internationales, parmi ce groupe de prêtres, donnant conférences et retraites. Cela devait faire l’objet d’un livre dont nous avions parlé pour les éditions « Chemins de Dialogue », à Marseille. Mais finalement, il avait repris son écriture avec un autre éditeur développant son itinéraire de vie… sans doute allait-il finir de l’écrire à St Jacut ! Ce livre (selon l’échange entre Jean-François et Nadia Benamara, présidente du Collectif « Vivre Ensemble à Val-de-Reuil », quelques jours avant l’accident) devrait avoir pour titre : « De l’hospitalité à la fraternité », autrement dit de la vie partagée en Algérie à la vie partagée à Val de Reuil et ailleurs.
Beaucoup, chrétiens, musulmans et d’autres, perdent ce soir un vrai ami, un témoin humble et passionné de l’Evangile, un acteur de la solidarité et du dialogue avec conviction, à cause de l’Evangile. Et cela, pendant des décennies, depuis les liens locaux à Vernon ou Evreux, jusqu’aux rencontres nationales ou internationales mais toujours dans la simplicité et la fraternité ! Comme l’écrit sœur Colette Hamza : « le dialogue islamo-chrétien perd une belle et grande figure. Il va nous manquer. »
Merci à toi Jean-François pour les liens de fraternité que tu as tissés avec tant de personnes, merci pour ta foi en Jésus-Christ qui te conduisait à être, à la suite de Charles de Foucauld, « frère universel », merci pour avoir été un prêtre assumant des responsabilités parfois importantes au sein de l’Eglise catholique mais aussi et toujours soucieux des hommes et des femmes dont elle était loin ».
Christophe Roucou, Prêtre de la Mission de France.
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- Un témoignage par ECH-CHERQAOUI MOHAMMED (imam à la mosquée As-salam de Vernon)
« Le père François est le fondateur du collectif « Vivre Ensemble », en 2008, de la ville de Val-de-Reuil, la ville aux 75 nationalités, réunissant les Rolivalois de toutes origines et confessions autour de son emblématique repas partage qui rassemble jusqu’à 1000 personnes à chaque fois.
Le 18e a été célébré le 28 juin dernier en présence de Jean-François.
C’est une célébration de l’humanité, un acte d’amour en réponse au rejet de l’autre.
Jean François disait que le fait de passer la main à Nadia Benamara, depuis 2015 et qui est de confession musulmane, est un signal fort pour dire que nous restons enracinés dans nos convictions, vivre ensemble.
Le combat de Jean-François Berjonneau, puisque je le connais depuis 2008 (17 ans d’amitié), est de concrétiser un vivre ensemble basé sur le respect mutuel et l’acceptation de l’autre.
Je dis à Jean-François : on va continuer sur le même chemin en répétant l’expression que tu aimes le plus : « rien ne nous empêchera de vivre ensemble. »
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- Prière par Georges Vimard : Jean-François nous avait partagé, au cours d’un pèlerinage dans le Sud algérien (année ?), cette conviction : « la rencontre de croyants d’autres religions constitue pour les chrétiens une école pour mieux comprendre ce Dieu en quête de l’homme, ce Dieu qui, à travers la foi de l’autre, se révèle toujours plus grand que ce qu’ils avaient cru ».
Béni sois-tu Seigneur pour les engagements tout simples que Jean- François a su susciter…montrer …dans une confiance réciproque où tombent toutes barrières et préjugés.
Aide-nous Seigneur à continuer à construire des ponts, même quand l’autre n’est pas parfait… et que nous ne sommes pas parfaits. Mais à toujours préférer les ponts aux murs.