Vatican: décès du cardinal en charge de l’interreligieux

Décès du Cardinal Miguel Ayuso Guixot, Préfet du Dicastère pour le dialogue interreligieux.

Né à Séville en Espagne, prêtre de la congrégation des missionnaires comboniens, puis devenu Cardinal, Miguel Ayuso Guixot était depuis 2018 chargé au Vatican du dialogue interrelgieux. Il avait pris la succession du français Jean-Louis Tauran. Que Dieu l’accueille en ses demeures et lui donne part à la joie des Vivants.

La Croix a publié le 26 novembre 2024 un article qui retrace l’itinéraire de ce serviteur fidèle et dévoué, bon connaisseur des réseaux musulmans dans le monde en plus de nombreuses rencontres avec des responsables hindous, bouddhistes, sikhs, shintoïstes, confucéens…

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Le père Christophe Roucou, ancien directeur du SRI, lui consacre ici un hommage amical.

Miguel Ayuso Guixot (1952-2024)

Ce cardinal était d’abord pour moi un collègue d’études quand nous apprenions l’arabe et étudions l’islamologie à Rome sur les bancs du PISAI (à l’époque IPEA , Institut Pontifical pour les études arabes et l’islamologie) au début des années 1980. Après ces études, nous avons débuté notre ministère de rencontres et de relations avec des Musulmans dans le même pays l’Egypte. Lui, combonien, chargé d’une paroisse latine au centre du Caire, moi assurant des cours à des étudiants égyptiens à la faculté de pédagogie de Suez. Son itinéraire l’a conduit, ensuite du Soudan à Rome, en passant encore au Caire, toujours dans le champ de la formation à la rencontre islamo-chrétienne.

Devenu en 2006 directeur du SRI (SNRM aujourd’hui) je l’ai retrouvé à plusieurs occasions alors qu’il dirigeait le Pisai puis quand il est devenu secrétaire du Conseil pour le Dialogue Interreligieux (CPDI) dirigé par le cardinal Jean-Louis Tauran. Avec lui, le Conseil avait retrouvé comme numéro deux quelqu’un qui croyait au dialogue interreligieux, qui avait les compétences pour piloter les différents occasions de dialogue entre chrétiens et musulmans et qui s’engageait dans ce dialogue interreligieux. Parfois, j’en ai été témoin, il se sentait un peu gêné quand le « dialogue » se faisait dans de grands hôtels parisiens, patronné et financé par l’un ou l’autre Etat où ne règne aucune liberté religieuse.

Miguel avait la confiance du cardinal Tauran ; il a su l’épauler avec délicatesse alors que la maladie touchait de plus en plus le cardinal. Pourtant sa santé à lui aussi était fragile. Nous nous sommes parlé, en juillet 2018, le lendemain du décès du cardinal parti se soigner aux Etats-Unis : lui-même avait dû quitter sa convalescence, suite à une intervention au cœur, pour s’occuper de toutes les démarches à faire.

Dans ses responsabilités au dicastère pour le dialogue, il a poursuivi l’œuvre du cardinal Tauran, appuyé les initiatives du pape François qui tient tellement au dialogue avec l’islam et les musulmans, et avec les autres traditions religieuses. Il a aussi élargi les dialogues avec les traditions religieuses  autres que l’islam. La maladie, sans doute, ne lui a pas permis certaines initiatives ou prises de positions audacieuses que le « diplomate » Jean-Louis Tauran avait osées, à son époque.

Mais, jusqu’au bout il a plaidé pour la rencontre de l’autre, la formation des chrétiens à la connaissance de l’islam. J’en veux pour preuve sa visite impromptue pour découvrir Al Mowafaqa en juillet 2023 alors qu’il était venu pour un colloque officiel à l’académie royale de Rabat. Changement de décor… il a pris du temps avec la vingtaine de personnes qui suivaient une session intensive d’islamologie et a improvisé un petit topo sur la nécessité du dialogue.

Je garde le souvenir d’un homme simple, fidèle aux relations nouées, engagé dans le dialogue interreligieux jusqu’au bout.

Christophe Roucou

Prêtre de la Mission de France

Institut Al Mowafaqa

Rabat, Maroc

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