Jeunes musulmans et chrétiens pour la 7e fois à Taizé – juillet 2024

SEMAINE D’AMITIE ISLAMO-CHRETIENNE – TAIZE

Jeunes musulmans et chrétiens à Taizé pour la 7e année consécutive.

Ce fut une magnifique semaine, de réflexion, de prière, d’échanges, de partage des tâches: en un mot c’était un temps d’amitié et de Grâce, sur la Colline, au milieu de centaines de participants venus du monde entier. On pourra lire l’article paru dans La Croix, et que le GAIC a relayé, à cette occasion.

Les jeunes chrétiens et musulmans étaient plus d’une centaine, venus de divers coins de France, voire de plusieurs pays, Allemagne, Liban, Irak, Egypte, Nigéria, Belgique, Algérie, Iran, France, Mali, Sénégal, à l’invitation des frères de Taizé qui leur réservent à cette occasion l’hospitalité spirituelle et fraternelle qui a fait leur réputation, notamment auprès des jeunes.

Le programme des journées était à peu près le même chaque jour: ceux qui le veulent, peuvent célébrer la messe (tous les jours à 7h30), mais c’est la prière du matin, dans la grande chapelle avec les frères de Taizé qui rassemble tout le monde, dans la diversité de ses appartenances. Cette prière est suivie du petit déjeuner dans le brouhaha d’un grand pic-nic en plein air. Pour les participants de la Semaine d’Amitié islamo-chrétienne, un enseignement était dispensé chaque matin, sur les différentes manières de vivre la miséricorde. Il était donné à deux voix par frère Luc de Taizé et par l’imam Abdel-Aziz, venu du Nord. Ces enseignements étaient suivis de carrefours de rencontre par petits groupes, puis de la prière du milieu du jours avec les frères de Taizé, et enfin venait le déjeuner, dans le même brouhaha joyeux que le matin.

 

Photo: frère Matthew, prieur de Taizé, en compagnie de plusieurs frères, de Fadîla (Fondation Adyan – Liban) et de Pascal (Coexister-Allemagne) partagent pour tous les pèlerins présents à Taizé leurs réflexions sur l’amitié interreligieuse, le 11 juillet 2024, dans la Grande église de Taizé (après la prière du soir).

Les musulmans pouvaient aussi accomplir ensemble leur prière canonique – la Salât – dans un lieu dédié, sous la conduite d’un de leurs imams (deux étaient présents), et de nombreux chrétiens les entouraient, assistant silencieusement à la succession solennelle des prosternations. Une manière d’accompagner fraternellement ceux qui venaient assister aussi à la prière des frères de Taizé au milieu des jeunes présents sur la colline.

L’après-midi, comme souvent, commence à Taizé avec un peu de repos et des services pour garder le site propre et en bon état, et pour remettre en ordre à la fois le matériel qui sert pour les repas, les documents utilisés pour la prière, nettoyer les salles où se tiennent les temps de réflexion, les sanitaires et lieux d’hébergements. Certains rejoignent des répétitions de chants, d’autres des groupes d’accueil et divers bénévolats.

La deuxième partie de l’après-midi était consacrée à un témoignage grâce à la présence, pour cette rencontre, de plusieurs personnes engagées et porteuses de projets: Stephanie venue de Bethléem, témoin et ambassadrice pour différents projets qui ensemencent la solidarité et la fraternité dans une région horriblement éprouvée aujourd’hui, Jean-François qui porte comme prêtre, l’ambition de l’Eglise catholique de France pour construire grâce au SNRM un dialogue islamo-chrétien fécond et fidèle, Chamouini qui accomplit en région parisienne des fonctions d’imam et cherche à développer les relations interreligieuses dans sa mosquée, Matthias, Pascal, Marion, Muhammad et d’autres jeunes de coexister France et de coexister Allemagne qui mettent la rencontre des différences au coeur de la dynamique citoyenne. Tout cela sans compter la présence au milieu des jeunes, d’un prêtre actuellement curé de diverses communautés chrétiennes au Maroc, d’un prêtre curé de paroisse à Strasbourg et responsable d’un foyer pour jeunes migrants, d’un autre encore, prêtre à Marseille et délégué de Mgr Aveline pour le dialogue islamo-chrétien dans son département, de la co-présidente nationale du Groupe d’Amitié-Islamo chrétienne, Micheline, de Milad, dominicain de Lyon venu pour écouter les jeunes et échanger au fil des rencontres, de Alexandre, Chantal et Abdelkader venu avec des jeunes de la Fondation d’Auteuil. Et enfin, les jeunes ont pu profiter du témoignage de deux jeunes femmes de la fondation Adyan, venues du Liban. Et bien sûr, les frères de Taizé ont été plusieurs à suivre et à encadrer nos activités: le prieur de Taizé, frère Matthew est venu nous rencontrer à deux reprises.

Que faut-il aujourd’hui en retenir? D’abord que les membres des deux religions sont très divers au sein même de leurs communautés. Les musulmans sont divers et les chrétiens sont divers. La rencontre permet de mieux comprendre ce que les uns et les autres vivent et comment chacun se réapproprie sa tradition. Ensuite qu’il y a une grande soif de se rencontrer dans la bienveillance et sans jugement, mais avec une grande liberté de parole. Celle-ci est possible si l’on s’autorise d’emblée à regarder amicalement les autres. Pour les frères de Taizé, il est important de participer à ces rencontres sans objectif de convertir les autres. Chacun témoigne de sa foi en liberté, mais il n’y a pas de projet prosélyte. Chacun ouvre son coeur pour que Dieu fasse son oeuvre à travers la fraternité. Il conduit les coeurs.

Ces rencontres sont précieuses, car certains expliquent avoir déjà une expérience de la rencontre, tandis que d’autres découvrent presque tout, la prière chrétienne et une assemblée dans une église, pour la première fois. D’autres encore assistent à la prière musulmane pour la première fois. Mais tous mangent des glaces ensemble!

Il y a une grâce de Taizé! Et il est touchant d’entendre les participants dire combien ces jours les ont simplement reposés d’une ambiance trop tendue et trop lourde en France, celle de ces derniers mois où les polémiques et les drames n’ont pas manqué. Tout le monde avait besoin d’apaisement, de sentir que des relations simples, franches et amicales sont possibles, que la recherche spirituelle est permise, selon les formes que l’on a reçues, ou avec la possibilité de poser des questions, toutes les questions.

Un grand merci aux frères de Taizé d’avoir accueilli cette 7e rencontre d’Amitié Islamo-chrétienne: que la Bénédiction divine fasse abonder en leur coeur la joie et le courage pour persévérer dans leur mission.

frère Jean-François Bour

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