Situation en Israël et à Gaza

Situation en Israël et à Gaza

 

Déclaration des Patriarches et des Chefs des Eglises de Jérusalem (1er mars 2024)

In the early morning hours of Thursday, February 29th, according to eye-witness testimonies, Israeli forces in southwest Gaza City opened fire on crowds of civilians seeking to receive sacks of flour to feed their starving families. The ensuing carnage resulted in the death of more than a hundred Gazans, with hundreds more seriously injured. Doctors on the scene and at receiving hospitals reported that most were killed or injured by gunfire, with some becoming victimized after being either trampled by panicked crowds or hit by aid trucks fleeing the horrific scene. Although government spokesmen initially tried to deny the soldiers’ involvement in this incident, later that day Israel’s Minister of National Security not only praised IDF fighters for acting “excellently,” but also attempted to blame the victims for their own demise, charging that they had sought to harm heavily armed soldiers. He went on to assail the delivery of humanitarian aid into Gaza, arguing that it should cease. That stated desire has already become a harsh reality for the half-million remaining in Gaza City, where aid deliveries have nearly halted because of heavy entry restrictions and lack of security escort for the delivery convoys. Humanitarian officials have so often warned of siege-induced famine in north Gaza that foreign governments of goodwill have been forced as a last resort to conduct humanitarian airdrops. Yet these offer only a tiny fraction of the relief that is needed for a remnant civilian population greater than that of Tel Aviv, Israel’s second largest city. In the aftermath of yesterday’s horrifying events and their cruel context, We, the Patriarchs and Heads of the Churches in Jerusalem, condemn this wanton attack against innocent civilians and call for the warring parties to reach an immediate and lengthy ceasefire that allows for the speedy disbursement of relief supplies throughout the Gaza strip, and for the enactment of a negotiated release of those held as captives and prisoners. While expressing these entreaties on behalf of all innocents suffering from the war, we convey our special prayers of support to the Christian communities in Gaza under our pastoral care. These include the more than 800 Christians who have now taken refuge in St. Porphyrios and Holy Family Churches in Gaza City for nearly five months. We likewise extend these same expressions of solidarity to the intrepid staff and volunteers of the Anglican-run Ahli Hospital, and to the patients they serve. In issuing the above calls, our ultimate hope is that the end of hostilities, the release of captives, and the care of the downtrodden will open a horizon for serious diplomatic discussions that finally lead to a just and lasting peace here in the land where our Lord Jesus Christ first took up his cross on our behalf. May God grant us all his grace as we seek the fulfilment of this hopeful Easter vision.  —The Patriarchs and Heads of the Churches in Jerusalem.

Site du Patriarcat latin de Jérusalem

Traduction SNRM:

Selon des témoins oculaires, le jeudi 29 février au petit matin, les forces israéliennes ont ouvert le feu dans le sud-ouest de la ville de Gaza sur des foules de civils qui cherchaient à recevoir des sacs de farine pour nourrir leurs familles affamées. Le carnage qui s’en est suivi a causé la mort de plus d’une centaine d’habitants de Gaza, et des centaines d’autres ont été gravement blessés. Les médecins présents sur place et dans les hôpitaux d’accueil ont indiqué que la plupart d’entre eux avaient été tués ou blessés par balles, certains ayant été piétinés par des foules paniquées ou percutés par des camions d’aide fuyant la scène horrible. Bien que les porte-paroles du gouvernement aient d’abord tenté de nier l’implication des soldats dans cet incident, plus tard dans la journée, le ministre israélien de la sécurité nationale a non seulement félicité les combattants des FDI pour leur « excellente action », mais a également tenté de rendre les victimes responsables de leur propre mort, en les accusant d’avoir cherché à blesser des soldats lourdement armés. Il a ensuite dénoncé l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, estimant qu’il devait cesser.
Ce souhait déclaré est déjà devenu une dure réalité pour le demi-million de personnes qui restent dans la ville de Gaza, où les livraisons d’aide ont presque cessé en raison des lourdes restrictions d’entrée et de l’absence d’escorte de sécurité pour les convois de livraison. Les responsables humanitaires ont si souvent mis en garde contre la famine induite par le siège dans le nord de la bande de Gaza que les gouvernements étrangers de bonne volonté ont été contraints, en dernier recours, de procéder à des largages humanitaires.
Pourtant, ces mesures n’offrent qu’une infime partie de l’aide nécessaire à une population civile résiduelle plus importante que celle de Tel Aviv, la deuxième plus grande ville d’Israël. À la suite des événements horribles d’hier et de leur contexte cruel, Nous, Patriarches et Chefs des Églises de Jérusalem, condamnons cette attaque gratuite contre des civils innocents et appelons les parties belligérantes à conclure un cessez-le-feu immédiat et de longue durée qui permette l’acheminement rapide des secours dans toute la bande de Gaza et la mise en œuvre d’une libération négociée des personnes détenues comme captives et prisonnières.
Tout en exprimant ces supplications au nom de tous les innocents qui souffrent de la guerre, nous adressons nos prières particulières de soutien aux communautés chrétiennes de Gaza dont nous avons la charge pastorale. Il s’agit notamment des plus de 800 chrétiens qui, depuis près de cinq mois, ont trouvé refuge dans les églises Saint-Porphyrios et de la Sainte-Famille dans la ville de Gaza. Nous adressons également ces mêmes expressions de solidarité au personnel et aux bénévoles intrépides de l’hôpital anglican Ahli, ainsi qu’aux patients qu’ils soignent.
En lançant ces appels, nous espérons que la fin des hostilités, la libération des captifs et la prise en charge des opprimés ouvriront la voie à des discussions diplomatiques sérieuses qui aboutiront enfin à une paix juste et durable sur la terre où notre Seigneur Jésus-Christ a porté sa croix pour la première fois en notre nom.
Que Dieu nous accorde la plénitude de sa grâce alors que nous aspirons à la réalisation de l’espérance pascale.

 

 

PRIERE

Le 5 novembre 2023, le SNRM et le SNRJ de la Conférence des évêques de France ont exprimé à la messe télévisée (France 2 – Le Jour du Seigneur) cette prière rédigée en commun que nous continuons à formuler aujourd’hui.

Seigneur,

Nous qui sommes de la lignée d’Abraham, nous te prions pour tous ses enfants.

Ce matin, nous t’implorons, particulièrement, pour toutes les victimes des actes terroristes commis en Israël le 7 octobre dernier. Nous y associons, également, leurs familles ainsi que les otages dont nous réclamons, avec la communauté internationale, la libération immédiate.

Nous t’implorons, également, pour les palestiniens tués lors des bombardements à Gaza et pour les innocents qui y subissent de très grandes souffrances. Que s’ouvrent, dans les plus brefs délais, des couloirs humanitaires.

Nous te prions, aussi, pour tous ceux dont le cœur s’est empli de haine et pour tous ceux qui bloquent encore les processus capables de mener à des solutions justes pour les populations de cette région.

Puissent les autorités locales, et l’ensemble des décideurs internationaux, œuvrer au plus vite pour la promotion de la justice et de la paix.

Et donne à tous la force de lutter contre toute attitude antisémite ou antimusulmane

Seigneur, nous te prions.

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Paroisse touchée à Gaza :

Lettre du 20 décembre 2023 de Mgr de Moulins-Beaufort au Cardinal Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem : ici

Communiqué du 16 décembre 2023 du Cardinal Pizzaballa :

Aujourd’hui, le 16 décembre 2023, vers midi, un tireur d’élite de Tsahal a tué deux chrétiennes à l’intérieur de la paroisse de la Sainte Famille à Gaza, où la plupart des familles chrétiennes se sont réfugiées depuis le début de la guerre. Nahida et sa fille Samar ont été abattues alors qu’elles se dirigeaient vers le couvent des religieuses. L’un a été tué alors qu’il tentait de transporter l’autre en lieu sûr. Sept autres personnes ont été blessées par balle alors qu’elles tentaient de protéger d’autres personnes à l’intérieur de l’enceinte de l’église. Aucun avertissement n’a été donné, aucune notification n’a été donnée. Ils ont été abattus de sang-froid à l’intérieur de l’enceinte de la Paroisse, où il n’y a aucun belligérant.

Aux premières heures de la matinée, une roquette tirée depuis un char de Tsahal a visé le couvent des Sœurs de Mère Teresa (Missionnaires de la Charité). Le couvent accueille plus de 54 personnes handicapées et fait partie du complexe ecclésiastique, signalé comme lieu de culte depuis le début de la guerre. Le générateur du bâtiment (seule source d’électricité) et les ressources en combustible ont été détruits. La maison a été endommagée par l’explosion et l’incendie massif qui en ont résulté. Deux autres roquettes, tirées depuis un char de Tsahal, ont visé le même couvent et rendu la maison inhabitable. Les 54 personnes handicapées sont actuellement déplacées et, sans accès aux respirateurs, certaines d’entre elles ont besoin de survivre.

En outre, à la suite d’intenses bombardements dans la région, trois personnes ont été blessées à l’intérieur de l’église la nuit dernière. De plus, des panneaux solaires et des réservoirs d’eau, essentiels à la survie de la communauté, ont été détruits.

Ensemble dans la prière avec toute la communauté chrétienne, nous exprimons notre proximité et nos condoléances aux familles touchées par cette tragédie insensée. En même temps, nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer que nous ne pouvons pas comprendre comment une telle attaque a pu être menée, surtout au moment où toute l’Église se prépare à Noël.

Le Patriarcat latin de Jérusalem suit l’évolution de la situation avec une grande inquiétude et fournira des informations complémentaires si nécessaire.

13 décembre 2023

Appel du Pape François, à l’issue de l’Audience générale:

I am continuing to follow the war in Israel and in Palestine, with great concern.

I renew my appeal for an immediate humanitarian ceasefire. There is much suffering there. I encourage all the parties involved to resume negotiations, and I ask everyone to make an urgent commitment to ensure that humanitarian aid will reach the people of Gaza, who are at the end of their tether and in great need of it.

May all the hostages be freed. They had seen some hope in the recent truce. May the enormous suffering of the Israelis and the Palestinians end.

Please: no to weapons, yes to peace!

 

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1er décembre 2023: Communiqué de l’Institut Catholique de la Méditerranée (Marseille) (site officiel)

 

1) Les événements qui se déroulent depuis le 7 octobre au Proche-Orient ont un impact concret sur nos vies. Quelles que soient nos sensibilités, nous faisons le constat que la situation ébranle toutes nos relations et vient diviser les groupes d’amis, la famille, les collègues, la société. A l’aune de ces déflagrations, nous reconnaissons que ce conflit est grave, qu’il n’est pas que politique mais qu’il touche les fondements même de nos civilisations.

2) Au nom de sa place dans l’histoire et dans la révélation judéo-chrétienne, nous soutenons l’existence du peuple juif et son droit légitime à vivre en paix et en sécurité où qu’il soit.

3) Avec et au nom même de l’existence du peuple juif et de sa vocation, nous soutenons le peuple palestinien qui, comme tout peuple, doit pouvoir exister et vivre de façon souveraine.

4) Nous souhaitons apporter notre soutien à tous ceux qui souhaitent être des interlocuteurs du dialogue. Quand il est si facile de nier l’autre, quand il est si simple d’enflammer les débats, nous voulons dire à toutes les personnes qui ne renoncent pas à faire du dialogue la solution, qu’elles détiennent les clés de l’avenir. Nous les en remercions et leur assurons que nous sommes et nous serons, en vertu même de ce qu’est l’ISTR, résolument à leur côté.

Marseille, le 1er décembre 2023,

Institut des sciences et théologie des religions (ISTR)

 

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Conférence sud-africaine et Evêques d’Afrique australe:

16 octobre : AFRIQUE / AFRIQUE DU SUD – « Arrêtez la guerre à Gaza et respectez les droits des civils innocents » : appel des Évêques d’Afrique du Sud – Agenzia Fides

26 novembre : Les évêques d’Afrique australe consacrent la solennité du Christ-Roi à la prière pour la Terre Sainte (aciafrique.org))

 

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COMECE (Union Européenne):

10 novembre : https://www.comece.eu/comece-assembly-adopts-declaration-calling-on-the-eu-to-offer-a-renewed-vision-for-justice-and-peace/

Déclaration : https://www.comece.eu/wp-content/uploads/sites/2/2023/11/PL2023-11-Statement-Peace-FR-FINAL.pdf

 

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10 NOVEMBRE 2023/ Au retour de leur Assemblée Plénière à Lourdes du 2 au 7 novembre 2023, le Président de la Conférence des Evêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims s’adresse au Forum de Paris pour la Paix (10-11 novembre 2023):

VOIR LA VIDEO

 

Mesdames, Messieurs, réunis pour le « Forum de Paris sur la paix »,

La paix souffre violence. La foi chrétienne convainc que la paix vient de la réconciliation de ceux qui pourraient se haïr, de ceux et celles qui auraient des raisons de se méfier les uns des autres.

Il est plus urgent que jamais de chercher les voies de la paix dans la justice et la vérité.

Dans la plus grande contradiction, là où l’affrontement est le plus terrible, Dieu peut faire surgir des artisans de paix. Car c’est l’heure où toutes les vérités peuvent être dites, toutes les injustices dénoncées. C’est l’heure où les prisonniers peuvent être libérés, où les renoncements nécessaires peuvent être consentis.

À vous tous, dirigeants, responsables internationaux, je vous le demande : agissez pour le respect du droit international. Avec ses faiblesses, il est aujourd’hui une expression concrète de la fraternité humaine. Il permet des négociations dans la vérité et la justice.

Comme êtres humains éclairés par la foi, de retour de l’Assemblée des évêques de France tenue à Lourdes, nous condamnons toute prétention à faire la guerre au nom de Dieu.

Nous voulons dire à tout homme, toute femme : guérissez votre cœur de cette maladie mortelle qu’est l’antisémitisme. Gardez-vous de tout racisme et de tout mépris contre les musulmans ou les chrétiens, ou toute autre religion.

La destinée de l’humanité est la fraternité. Elle passe par l’effort de la réconciliation.

Je prie et j’appelle à prier pour cela.

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8 NOVEMBRE 2023/ Réunis en Assemblée Plénière à Lourdes du 2 au 7 novembre 2023, les Evêques de France ont exprimé leur vive inquiétude et leur prière pour la Paix au Proche-Orient

Dépêche AFP du 8 novembre 2023, suite au discours de clôture du Président de la Conférence des Evêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims: (Lourdes, France | AFP | 08/11/2023 12:26)

Les évêques avertissent contre « la logique simpliste de l’affrontement » communautaire

Les évêques catholiques réunis à Lourdes ont appelé mercredi à « ne pas céder à la logique simpliste de l’affrontement entre communautés religieuses », en dénonçant les attitudes « antisémites et antimusulmanes » à l’heure de la guerre entre Israël et le Hamas.

Appelant à « la justice pour le peuple palestinien qui a droit à un État libre », le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort a demandé « une reconnaissance claire, partout, du droit à exister pour l’Etat d’Israël ».

Cet Etat est « sans doute appelé à devenir, pour le Proche-Orient, un acteur de progrès, de prospérité et de paix, grâce à une coopération stable avec ses voisins », a-t-il ajouté en clôture de l’assemblée plénière d’automne de la CEF.

Alors que le conflit a fait, depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, plus de 1.400 morts côté israélien selon les autorités et 10.569 côté palestinien selon le Hamas, le président de la CEF a martelé: « nous souffrons pour les Juifs, nos pères dans la foi, menacés par une inquiétante vague d’antisémitisme. Nous souffrons pour les Palestiniens, nos frères et nos sœurs dans l’humanité ».

Il ne s’est en revanche pas prononcé sur une éventuelle participation à la marche de dimanche contre l’antisémitisme, même si la CEF avait dès le 8 octobre condamné les attaques du Hamas.

Les évêques ont ensuite déposé trois cierges pour la paix au Proche-Orient, en Ukraine et en Arménie.

 

 

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24 octobre 2023

Chers amis,

Que le Seigneur vous donne la paix !

Nous traversons l’une des périodes les plus difficiles et les plus douloureuses de notre histoire récente. Depuis plus de deux semaines, nous sommes inondés d’images d’horreur qui réveillent d’anciens traumatismes, ouvrent de nouvelles blessures, font exploser en chacun de nous la douleur, la frustration et la colère. Beaucoup semblent parler de mort et de haine sans fin. Tant de « pourquoi » se superposent dans nos esprits, ajoutant à notre sentiment de perplexité.

Le monde entier considère cette Terre Sainte comme un lieu qui est constamment à l’origine de guerres et de divisions. C’est pourquoi il était bon, il y a quelques jours, que le monde entier se joigne à nous pour une journée de prière et de jeûne pour la paix. Un beau regard sur la Terre Sainte et un moment important d’unité avec notre Église. Et ce regard tient bon. Le 27 octobre prochain, le Pape a appelé à une deuxième journée de prière et de jeûne, afin que notre inter-cession se poursuive. Ce sera un jour que nous célébrerons avec conviction.

C’est peut-être la principale chose que nous, chrétiens, pouvons faire en ce moment : prier, faire pénitence, intercéder. Et nous en remercions le Saint-Père du fond du cœur.

Dans tout ce brouhaha, où le bruit assourdissant des bombes se mêle aux nombreux cris de douleur et aux nombreux sentiments contradictoires, je ressens le besoin de partager avec vous une parole qui trouve son origine dans l’Évangile de Jésus, parce qu’en fin de compte, c’est de là que nous devons tous partir et c’est là que nous devons toujours revenir. Un mot de l’Évangile pour nous aider à vivre ce moment tragique en unissant nos sentiments à ceux de Jésus.

Regarder vers Jésus, bien sûr, ne signifie pas se sentir exemptés du devoir de dire, de dénoncer, d’appeler, mais aussi de consoler et d’encourager. Comme nous l’avons entendu dans l’Évangile de dimanche dernier, il faut rendre  » à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu  » (Mt 22, 21). En regardant vers Dieu, nous voulons donc d’abord rendre à César ce qui lui appartient.

Ma conscience et le devoir moral m’obligent à dire clairement que ce qui s’est passé le 7 octobre dans le sud d’Israël n’est en aucun cas acceptable et que nous ne pouvons que le condamner. Il n’y a aucune raison pour une telle atrocité. Oui, nous avons le devoir de l’affirmer et de la dénoncer. Le recours à la violence n’est pas compatible avec l’Évangile et ne conduit pas à la paix. La vie de chaque personne humaine a une égale dignité devant Dieu, qui nous a tous créés à son image.

La même conscience, cependant, avec un grand poids sur mon cœur, m’amène à déclarer avec clarté aujourd’hui que ce nouveau cycle de violence a fait plus de cinq mille morts à Gaza, dont beaucoup de femmes et d’enfants, des dizaines de milliers de blessés, des quartiers rasés, et une pénurie de médicaments, d’eau et de produits de première nécessité pour plus de deux millions de personnes. Ce sont des tragédies qui dépassent l’entendement et que nous avons le devoir de dénoncer et de condamner sans faille. Les bombardements intensifs et continus qui frappent Gaza depuis des jours ne feront que causer la mort et la destruction, ils ne feront qu’accroître la haine et le ressentiment, et ne résoudront aucun problème mais en créeront plutôt de nouveaux. Il est temps d’arrêter cette guerre, cette violence insensée.

Ce n’est qu’en mettant fin à des décennies d’occupation ainsi qu’à ses conséquences tragiques, et en donnant une perspective nationale claire et sûre au peuple palestinien, qu’un processus de paix sérieux pourra être engagé. Si ce problème n’est pas résolu à la racine, il n’y aura jamais la stabilité que nous espérons tous. La tragédie de ces derniers jours doit nous conduire tous – religieux, hommes politiques, société civile, communauté internationale – à un engagement plus sérieux à cet égard que celui que nous avons pris jusqu’à présent. C’est le seul moyen d’éviter d’autres tragédies comme celle que nous vivons actuellement. Nous le devons aux nombreuses, trop nombreuses victimes de ces jours, et de toutes ces années. Nous n’avons pas le droit de laisser cette tâche à d’autres.

Mais je ne peux pas vivre ce moment extrêmement douloureux, sans regarder vers le haut, sans regarder le Christ, sans que la foi n’éclaire mon regard, notre regard, sur ce que nous vivons, sans que nos pensées ne se tournent vers Dieu. Nous avons besoin d’une Parole pour nous accompagner, nous consoler et nous encourager. Nous en avons besoin comme de l’air que nous respirons.

“Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde.” (Jn 16,33)

Nous nous trouvons à la veille de la passion de Jésus. Il adresse ces paroles à ses disciples, qui seront bientôt ballottés comme dans une tempête face à sa mort. Ils vont paniquer, se disperser et fuir, comme des brebis sans berger.

Mais cette dernière parole de Jésus est un encouragement. Il ne dit pas qu’il va gagner, mais qu’il a déjà gagné. Même dans le drame à venir, les disciples auront la paix. Il ne s’agit pas d’une paix irénique sortie de nulle part, ni d’une résignation au fait que le monde soit mauvais et que nous ne puissions rien faire pour le changer. Il s’agit, plutôt, d’avoir la certitude qu’au milieu de tout ce mal, Jésus a gagné. Malgré le mal qui ravage le monde, Jésus a remporté une victoire, il a établi une nouvelle réalité, un nouvel ordre qui, après la résurrection, sera assumé par les disciples qui renaîtront dans l’Esprit.

C’est sur la croix que Jésus a gagné. Pas par les armes, pas par le pouvoir politique, pas par les grands moyens, pas en s’imposant. La paix dont il parle n’a rien à voir avec la victoire sur l’autre. Il a gagné le monde en l’aimant. Il est vrai que sur la croix commence une nouvelle réalité et un nouvel ordre, la réalité et l’ordre de celui qui donne sa vie par amour. Et avec la résurrection et le don de l’Esprit, cette réalité et cet ordre appartiennent à ses disciples. À nous. La réponse de Dieu à la question de savoir pourquoi les justes souffrent n’est pas une explication, mais une Présence. C’est le Christ sur la croix.

C’est sur ce point que notre foi est en jeu aujourd’hui. Jésus parle à juste titre de courage dans ce verset. Une telle paix, un tel amour, exigent un grand courage.

Avoir le courage de l’amour et de la paix ici, aujourd’hui, signifie ne pas laisser la haine, la vengeance, la colère et la douleur occuper tout l’espace de nos cœurs, de nos paroles, de nos pensées. C’est s’engager personnellement pour la justice, être capable d’affirmer et de dénoncer la vérité douloureuse des injustices et du mal qui nous entourent, sans la laisser polluer nos relations. Cela signifie s’engager, être convaincu qu’il vaut encore la peine de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la paix, la justice, l’égalité et la réconciliation. Notre discours ne doit pas être empreint de mort et de portes fermées. Au contraire, nos paroles doivent être créatives, donner de la vie, créer des perspectives, ouvrir des horizons.

Il faut du courage pour pouvoir exiger la justice sans cracher la haine. Il faut du courage pour demander la miséricorde, pour refuser l’oppression, pour promouvoir l’égalité sans exiger l’uniformité, tout en restant libre. Il faut du courage aujourd’hui, même dans notre diocèse et dans nos communautés, pour maintenir l’unité, pour se sentir unis les uns aux autres, même dans la diversité de nos opinions, de nos sensibilités et de nos visions.

Je veux faire partie, nous voulons faire partie de ce nouvel ordre établi par le Christ. Nous voulons demander à Dieu cette co-élévation. Nous voulons être victorieux sur le monde, en prenant sur nous cette même Croix, qui est aussi la nôtre, faite de douleur et d’amour, de vérité et de peur, d’injustice et de don, de cri et de pardon.

Je prie pour nous tous, et en particulier pour la petite communauté de Gaza, qui souffre le plus. Nos pensées vont en particulier aux dix-huit frères et sœurs qui ont récemment péri, ainsi qu’à leurs familles, que nous connaissons personnellement. Leur douleur est grande, et pourtant, chaque jour davantage, je réalise qu’ils sont en paix. Effrayés, secoués, bouleversés, mais avec la paix dans leur cœur. Nous sommes tous avec eux, dans la prière et la solidarité concrète, en les remerciant pour leur beau témoignage.

Enfin, prions pour toutes les victimes innocentes. La souffrance des innocents devant Dieu a une valeur précieuse et rédemptrice, parce qu’elle est unie à la souffrance rédemptrice du Christ. Que leur souffrance nous rapproche toujours plus de la paix !

Nous approchons de la solennité de la Reine de Palestine, patronne de notre diocèse. Ce sanc-tuaire a été érigé pendant une autre période de guerre et choisi comme lieu spécial pour prier pour la paix. En ces jours, nous consacrerons à nouveau notre Église et notre terre à la Reine de Palestine ! Je demande à toutes les Églises du monde de se joindre au Saint-Père, et à notre Diocèse, dans la prière et dans la recherche de la justice et de la paix.

Nous ne pourrons pas tous nous réunir cette année, car la situation ne le permet pas. Mais je suis certain que tout le diocèse sera uni ce jour-là pour prier solidairement pour la paix, non pas la paix du monde, mais la paix que le Christ nous donne.

Que le Seigneur vous accompagne et vous protège,

† Pierbattista Card. Pizzaballa

Patriarche latin de Jérusalem

***

 

 

9 octobre 2023, Fr. Jean-François Bour, directeur du SNRM:

Le Service National pour les Relations avec les Musulmans exprime aux israéliens et en particulier à ceux qui ont perdu des proches toute sa compassion et ses sincères condoléances après les massacres perpétrés sur le territoire israélien, depuis Gaza. Nous avons le cœur en miette et pleurons avec ceux qui pleurent.

Il est absolument nécessaire de condamner avec fermeté ceux qui veulent détruire, éradiquer ou supprimer Israël. Le Hamas a montré son visage terroriste et jusqu’au-boutiste. Cette volonté de détruire l’autre ou les autres est une voie sans issue. Nous ne pouvons jamais soutenir cela. Il ne doit y avoir aucune place pour les discours et les actes qui iraient dans ce sens quel que soit la communauté, le pays ou l’organisation.

En France, il nous paraît  très important de préparer dès maintenant des espaces de parole et de rencontres où nous pourrons, ensemble ou séparément,  réaffirmer notre unité et notre confiance en la force de la parole fraternelle qui ose les divergences autant que la communion. Car il faut redouter aujourd’hui la rage vengeresse que la colère, l’humiliation et la douleur, des uns ou des autres, pourraient provoquer. Tenons-nous donc aux côtés les uns des autres, dans ces circonstances tragiques et inquiétantes. Juifs, Chrétiens et Musulmans, avec bien d’autres encore, montrons que nous voulons construire, en France, une famille unie.

Cela est indispensable car une réflexion d’ampleur sera nécessaire pour comprendre et analyser ensemble ce qui maintient le Proche-Orient dans une situation aussi instable. Nous devrons procéder à cette évaluation, non seulement à cause des répercussions possibles – déjà visibles en France – mais aussi à cause de notre amour commun pour un Proche-Orient qui mérite des processus réalistes, capables d’aider chaque peuple de cette région à exister, à coopérer et à subsister, sous la protection d’institutions viables.

Dans cette nuit hélas très noire, nous supplions Dieu d’ouvrir un chemin et d’offrir la lumière de sa Sagesse infinie. Nous implorons que les otages ainsi que les civils israéliens et palestiniens soient épargnés.

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Autres prises de position:

  • Pape François, 8 octobre 2023 : CLIQUEZ

quotation: « Dear brothers and sisters, I am following apprehensively and sorrowfully what is happening in Israel where the violence has exploded even more ferociously, causing hundreds of deaths and casualties. I express my closeness to the families and victims. I am praying for them and for all who are living hours of terror and anguish. May the attacks and weaponry cease. Please! And let it be understood that terrorism and war do not lead to any resolutions, but only to the death and suffering of so many innocent people. War is a defeat! Every war is a defeat! Let us pray that there be peace in Israel and in Palestine. »(Pope Francis).

  • Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, le 7 octobre : CLIQUEZ
  • Cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche Latin de Jérusalem, le 7 octobre 2023 : CLIQUEZ
  • CONFERENCE DES RESPONSABLES DE CULTES EN FRANCE (CRCF) le 10 octobre 2023 –>  Communiqué du CRCF

—> Signataires: Christian Krieger (président de la Fédération protestante de France), Eric de Moulins-Beaufort (président de la Conférence des évêques de France), Haïm Korsia (Grand-rabbin de France), Mohammed Moussaoui (président du Conseil français du culte musulman – CFCM), Chems-Eddine Hafiz (recteur de la Grande Mosquée de Paris), Demetrios Ploumios (président de l’assemblée des évêques orthodoxes de France) et Antony Boussemart (co-président de l’Union bouddhiste de France).

  • Mohammed Moussaoui, président de l’Union des Mosquées de France, le 19 octobre 2023: CLIQUEZ

 

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