Edito de Jean-François Bour – Lettre d’information décembre 2022

En juillet 2022, lors du pèlerinage traditionnel de Vieux-Marché (Côtes-d’Armor) sur lequel Louis Massignon a greffé dès 1954 une rencontre islamo-chrétienne, j’ai eu la chance, comme beaucoup, de vivre un moment de rencontres exceptionnel. Celui-ci mêlait dans une même joie bretonne les vacanciers de passage, les paroissiens et les pèlerins, les participants d’un colloque scientifique organisé en marge du pèlerinage, des musulmans venus de Bretagne, des Pays de Loire ou de Touraine, des curieux et peut-être même… des anges !

Je venais à peine d’être nommé à la direction du SNRM et l’invitation de l’évêque de Saint-Brieuc +Denis Moutel m’offrait une belle occasion d’entrer spirituellement dans mes fonctions en allant puiser à la Source des Dormants d’Ephèse. Comme ces sept jeunes gens emmurés vivants par un empereur persécuteur dont le Coran et la tradition chrétienne affirment qu’ils furent ramenés à la lumière des vivants près de 200 ans plus tard, pour témoigner des merveilles de Dieu, je me trouvais invité à laisser Dieu me saisir pour me faire vivre avec mes frères et sœurs, dans sa lumière.

Il faudrait prendre le temps de méditer longuement sur le sens de cette histoire, mais en un temps où le monde est à la peine, comme emmuré dans le cycle sans fin des conflits et des replis égoïstes, je voudrais remarquer que cette histoire de « prisonniers emmurés dans une grotte » est bien une histoire de vie et d’engendrement. Car la grotte a une symbolique fortement matricielle. Elle est comme on le voit sur beaucoup d’icônes de la Nativité de Jésus comme un déchirure de la terre afin que puisse germer la vie même de Dieu. La terre qui semblait les engloutir dans la mort devînt soudain lieu de germination. C’est notre désir pour le monde et pour l’univers en ce soir de 2022.

Quand s’ouvre leur prison, quand se déchire le mur de pierre qui fermait l’entrée de leur tombe, les Sept Dormants d’Ephèse vécurent donc une nouvelle naissance qui est précisément une libération collective. Car ils sont sortis vivants ensembles et leur histoire nous donne à entendre une réalité essentielle : nul ne peut être vivant seul. Aujourd’hui, plus que jamais peut-être, 8 milliards d’individus doivent prendre conscience, sur cette planète, qu’ils sont dans le même bateau et que c’est ensemble qu’ils doivent désirer la lumière, aller des ténèbres à la clarté, de la nuit vers le plein jour et vers la vie. Ensemble nous voulons grandir à la lumière : car nul ne peut être vivant tout seul.

Pour beaucoup d’entre-nous c’est l’occasion, en fin d’année, de regarder en arrière pour se préparer à l’avenir. Cette Lettre INFO reviendra donc sur quelques temps forts de l’année écoulée. Bien sûr, on ne peut pas parler d’une année légère. Mais on ne peut pas non plus parler d’une année sans espérance. Il y a eu quelques événements internationaux d’ampleur, mais il y a surtout encore et toujours les engagements de personnes humbles et courageuses qui, dans leurs quartiers, leur rue, à la sortie de l’école de leurs enfants, tissent avec persévérance des liens solides de solidarité et de respect mutuel. Nous avons ainsi écouté en octobre, lors de la Plénière du SNRM, le témoignage d’Irène qui travaille à relier les habitants de son quartier sans se laisser impressionner, ni par les barbus, ni par les policiers, ni par les caïds, ni par le maire, ni par l’évêque. Sa force de maman nous a tous impressionnés.

Je termine donc en rendant hommage à toutes les Irène, et aussi à tous les Mohsen, Noura, Salomon, Iris ou Jean-Pierre qui, dans divers réseaux aident les gens à sortir de la grotte, et à grandir vers la lumière.

Que les fêtes vous soient un moment paisible et heureux. Allégresse pour les cœurs qui cherchent Dieu !

Jean-François Bour et l’Equipe du SNRM

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