Ensemble avec Marie à Autun

Samedi 24 mars 2018, 13 heures, à Autun. Plus nombreuses que d’habitude, des personnes convergent vers la nouvelle mosquée turque de la rue de Parpas pour la prière du milieu du jour.

Ce qui est inhabituel, c’est qu’il y a des musulmans et des chrétiens, tous venus pour commencer en ce lieu la rencontre placée sous le signe de « Ensemble avec Marie ». Après un mot d’accueil, Mahmut Sezer, président de l’association franco-turque, explique l’organisation de l’espace de la mosquée et répond aux questions.

Puis le groupe se met en marche pour monter vers l’évêché qui va accueillir la rencontre proprement dite à laquelle participent plus de 70 personnes.

Elle sera dense : mots de bienvenue des organisateurs catholique et musulman, témoignages, lectures des textes sacrés, chants, moment de convivialité et de rencontre autour d’un thé et de confiseries confectionnées par la communauté musulmane.

Jérôme Lequime commence par l’évocation de la mémoire du P. Maurice Borrmans, décédé en décembre 2017, qui a soutenu et encouragé le dialogue islamo-chrétien au travers de ses engagements, en particulier par l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie (PISAI) et des nombreux livres qu’il a écrit sur le sens du dialogue. Puis il introduit Fadila Semaï, auteure du livre L’ami parti devant qui est une recherche de Mohamed, celui qui donna sa vie pour sauver Christian de Chergé et qui fut à l’origine de sa vocation algérienne, et cite Mohamed Talbi, historien et penseur tunisien, qui a beaucoup travaillé sur la place et le rôle de Marie dans le Coran.

Mgr Benoît Rivière invite à regarder « Marie comme la créature la plus confiante en Dieu : traversée par des peurs, comme nous, elle m’aide à faire confiance à Dieu, elle m’apprend à ne pas m’enfermer dans mes peurs. Ce que Dieu lui demande est hors de sa compréhension, et pourtant elle dit ‘’oui’’ : et moi, suis-je toujours à la hauteur de ce que je dois faire ? Est-ce que cela correspond à l’attente de Dieu ? Est-ce que ma vie débouche sur une vie avec Dieu ? L’ange Gabriel l’appelle par son nom : moi aussi, Dieu me connaît par mon nom, je suis quelqu’un pour lui, il reconnaît qui je suis. Marie m’aide à vivre toujours dans la grâce en me laissant aimé personnellement par Dieu et en accomplissant la mission qu’il me confie. Marie me donne envie de découvrir toujours un peu plus celle que je connais pas assez ».

Après avoir déclaré que « nous sommes réunis ensemble pour la paix, ensemble pour une société où il fait bon de vivre sans frontière, car nous n’avons qu’un seul Créateur qui a envoyé plusieurs prophètes, montrant sa sollicitude pour l’homme, et qui nous invite à notre tour à nous rencontrer tels que nous sommes »,  Mohamed Moussy déclare que « Marie est un personnage singulier dans le Coran : elle est la seule femme à être bénie de Dieu et citée par son nom, et cela onze fois, plus vingt-trois fois en tant que mère de Jésus. De plus, elle est également la seule femme citée dans le verset des prophètes. Marie est la seule dans l’histoire à être fécondée par l’Esprit de Dieu : elle renforce ainsi la puissance de Dieu ».

La sourate 19, Maryam, est ensuite lue en arabe et en français des versets 16 à 33 :

« Mentionne, dans le Livre, Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient.  Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit: «Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m’approche point].» Il dit: «Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur » (vv. 16-19).

Parlant de la place de Marie dans l’Evangile, le P. Michel de Gigord souligne que « Marie était évoquée dans 19 passages des Evangiles et qu’elle était t bénie de Dieu pour des générations », avant de lire les textes essentiels de la présence de Marie, textes émouvants et plein de la grâce divine : l’Annonciation, avec le ‘’oui’’, la Visitation, avec le ‘’Réjouis-toi, Marie’’, la réponse de Marie, avec ce chant superbe du ‘’Magnificat’’, mais aussi Marie au pied de la Croix, avec ‘’Mère, voici ton fils ; fils, voici ta Mère’’.

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Deux femmes témoignent. Fadila est née un 15 août, sans doute signe d’une passion pour Marie et pour son « oui », élément majeur partagé par les chrétiens et les musulmans partout dans le monde : s’abandonner à la volonté de Dieu. Dès son enfance, Salima a ressenti une présence à côté d’elle, en elle, rassurante, douce, lumineuse ; plus tard, elle a découvert que c’était Marie qui l’accompagnait ainsi. Elle est allée à Lourdes pour accompagner les malades et, par le hasard du tour de rôle, elle prend en charge un malade musulman. Clin d’œil de Dieu, grand signe de l’universalité de Marie. En islam, les miracles sont un signe de la puissance de Dieu.

Adlil el Ghissassi introduit les chants religieux en disant que  l’écoute et la disponibilité de l’esprit sont plus importantes que la musique et les paroles. Avec un autre chanteur, il entraîne l’assistance dans une mélodie méditative d’inspiration soufie. Puis les chants Couronnée d’étoiles et Je vous salue Marie concluent la rencontre religieuse.

La journée se termine par le partage du thé et des gâteaux préparés par les communautés musulmanes.

Source : Denys Bourguignat, Eglise d’Autun, avril 2018

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