Manifeste citoyen des musulmans de France

« Manifeste citoyen des musulmans de France » (29 novembre 2015 – Paris)

source: Union des mosquées de France

Le CFCM et l’ensemble des organisations musulmanes signataires du présent Manifeste se sont rassemblés à Paris, ce dimanche 29 novembre 2015, pour réaffirmer avec la plus grande force leur condamnation des actes terroristes qui ont frappé notre pays le vendredi 13 novembre 2015 et exprimer leur profonde compassion et leur solidarité totale aux familles des victimes.

Bien que nous nous soyons déjà exprimés à travers nos différentes fédérations, associations et mosquées sur ces actes abjects et ces moments dramatiques, nous tenons à exprimer, au nom des musulmans de France, notre condamnation totale et sans réserve de ces actes barbares qu’aucune foi ni morale ne pourraient justifier.

A cette occasion, il est important pour nous de faire connaître à l’ensemble de nos compatriotes la totale harmonie entre l’adhésion que nous portons à notre foi et celle que nous portons au pacte qui fonde notre pays.

Le pacte républicain constitue le socle sur lequel est bâtie notre société.

Aucune considération religieuse, philosophique ou idéologique ne pourrait venir remettre en cause l’adhésion que chacun lui porte.

Les musulmans de France aspirent à vivre les préceptes de leur religion dans la sérénité, la paix et dans le respect du contexte social et culturel français.

Ils fondent leur compréhension des textes religieux sur les principes universels de l’islam et appuient leurs pratiques religieuses sur des avis adaptés à la réalité française.

Les musulmans de France sont convaincus plus que jamais de la nécessité du dialogue et de la concertation entre toutes les sensibilités de l’Islam de France. La transparence, la consultation et la recherche du consensus doivent être au centre de nos préoccupations et de notre action.

Partant de ces principes, nous, musulmans de France, affirmons :

1. Notre attachement profond au pacte républicain et aux valeurs universelles qui fondent notre République ainsi que notre attachement au principe de laïcité garant de la liberté de conscience et du respect de la diversité des convictions et des pratiques religieuses.

2. Que notre foi invite à la paix, à la justice, à la fraternité, à la solidarité et à l’amour du prochain sans distinction de religion, de couleur ou d’origine.

3. Que les crimes odieux commis partout dans le monde, et en grande majorité à l’encontre de musulmans, par l’organisation terroriste Daech sont en totale contradiction avec les principes et les fondements même de notre religion. Ces actes blessent notre foi et notre humanité.

4. Réitérer notre appel aux rares jeunes de France tentés par l’idéologie mortifère du terrorisme, à prendre conscience de la gravité des crimes dont ils se rendraient complices ou coupables, ainsi que de la lourde responsabilité, devant Dieu et devant l’humanité, d’un tel engagement.

5. Notre appel aux parents à s’investir davantage dans l’éducation de leurs enfants qui sont confrontés à des réalités complexes et difficiles et à des risques accrus, notamment via internet et les réseaux sociaux.

6. Notre appel aux imams qui prêchent dans nos différentes mosquées à porter et à prêcher un islam qui allie l’adhésion à notre foi et sa pratique aux valeurs humaines qui fondent notre société.

7. Que le dialogue interreligieux est une nécessité pour notre unité et notre cohésion. Ce dialogue doit se traduire au sein de nos lieux de culte et de nos familles par un discours d’estime et de respect envers nos concitoyens de toutes confessions et de toutes convictions, croyants ou non croyants.

8. Dénonçons les actes islamophobes qui visent des personnes et des lieux de culte musulman, appelons les pouvoirs publics à renforcer les moyens de lutte contre ces actes et appelons les victimes à ne pas céder à la provocation et à faire confiance à la justice de leur pays.
Nous saluons l’appel des institutions religieuses et civiles de notre pays à la vigilance contre tout amalgame qui transformerait la lutte contre le terrorisme en une stigmatisation des musulmans de France.

9. Dans cette période difficile et douloureuse que traverse notre patrie, nous, musulmans de France, appelons les femmes et hommes politiques, journalistes et intellectuels à faire preuve de davantage de discernement et à éviter de stigmatiser les musulmans de France, leurs rites ou leurs pratiques qui s’exercent dans le strict respect des lois républicaines qui garantissent la liberté religieuse.

A travers ce Manifeste, les grandes fédérations musulmanes et les Grandes Mosquées de France signataires adressent un message de paix et de fraternité à l’ensemble de la société.

Au nom des musulmans de France, nous élevons des prières afin :
Que la France vive heureuse et prospère,
Qu’elle soit forte et grande par l’union et la concorde.
Que le Très-Miséricordieux aide et protège la France et le peuple français.


Liste des organisations musulmanes signataires

Les fédérations :
– Le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF)
– La Confédération islamique Milli Görüs (CIMG France)
– La Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA)
– La Fédération Invitation et Mission pour la foi et la pratique
– La Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP)
– La Fédération nationale des musulmans de France (FNMF)
– La Fédération Tabligh al Dawa Il Allah
– Le Rassemblement des musulmans de France (RMF)
– L’Union des mosquées de France (UMF)
– L’Union des organisations islamiques de France (UOIF)Les Grandes Mosquées :
– Centre culturel islamique d’Evry (ACMIF)
– Mosquée de Lyon (ACLIF)
– Mosquée de Mantes-la-Jolie (UIY)
– Mosquée de Saint-Denis de La Réunion (AISD)
– Mosquée du sud de la France « Al Islah », Marseille

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Du bureau du Conseil français du culte musulman

(13 novembre 2015)

La France vient d’être touchée une nouvelle fois par une vague d’Attentats d’une gravité sans précédent.

Ces actes terroristes qui ont visé Paris et la Région parisienne ont fait plusieurs dizaines de morts et de très nombreux blessés.

Devant l’horreur des tueries aveugles qui ont été perpétrées,

le CFCM ainsi que l’ensemble des organisations musulmanes condamnent avec la plus grande vigueur ces attaques odieuses et abjectes.

Le CFCM exprime sa profonde compassion aux familles des nombreuses victimes

et souhaite un prompt rétablissement aux blessés dont plusieurs sont dans un état grave.

Devant la gravité de la situation, le CFCM appelle la Nation toute entière à l’unité et à la solidarité.

Le CFCM appelle également les Musulmans de France à prier pour que

la France puisse faire face à cette terrible épreuve dans le calme et dans la dignité.

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Dénoncer et condamner la barbarie de Daech

Texte proposé par l’UMF notamment aux imams de France pour s’en inspirer à l’occasion du prêche de vendredi 20 novembre 2015.

Union des Mosquées de France

Les attentats terroristes qui ont frappé plusieurs lieux de Paris et les abords du Stade de France en Seine Saint-Denis, le vendredi 13 novembre 2015, soulèvent, comme après chaque attentat perpétré contre notre pays, des interrogations sur ce que peuvent faire ou doivent faire les musulmans de France pour lutter contre le terrorisme qui menace notre pays.

Dès les premiers instants qui ont suivi ces attentats odieux et abjects, les musulmans de France ont spontanément et unanimement dénoncé avec la plus grande force et condamné avec la plus grande vigueur ces actes de barbarie commandités par le groupe terroriste « Daech ».

Des voix se sont élevées pour enjoindre aux musulmans de France de prendre leur responsabilité face à la radicalisation des jeunes et d’entreprendre des initiatives afin de rassurer leurs concitoyens quant à leur loyauté envers la République et leur désolidarisation du terrorisme.

Face à ces voix, certains musulmans peuvent se sentir mis à l’index par ce qui s’apparente à un procès d’intention et à une remise en cause consciente ou inconsciente de l’adhésion pleine et entière des musulmans de France aux principes qui fondent notre pacte républicain.

Les musulmans sont dans leur droit de s’opposer aux amalgames, aux injonctions malveillantes et aux arguments des adeptes de la prétendue « guerre des civilisations ». Mais ils restent confiants dans le sens des responsabilités qui anime l’immense majorité de nos concitoyens. L’appel des institutions religieuses et civiles de notre pays à la vigilance face à tout amalgame qui transformerait la lutte contre le terrorisme en une stigmatisation de l’islam et des  musulmans, est un gage de responsabilité.

Malgré les injonctions de quelque nature que ce soit, les musulmans de France doivent continuer à dénoncer les atrocités commises au nom de l’islam et de faire face, aux côtés de leurs compatriotes, aux menaces proférées par des terroristes sanguinaires qui prennent en otage l’islam et transgressent sans cesse ses principes et ses valeurs.

Par nos réactions, nos appels et nos manifestations contre le terrorisme, nous musulmans de France, nous exprimons notre compassion et notre solidarité pleine et entière aux familles des victimes et aux blessés durement éprouvés. Le lien de fraternité républicaine qui nous unit à nos concitoyens de toute confession et de toute condition, nous invite à cette solidarité qui est une exigence morale et un devoir citoyen.

La présence de jeunes Français dans les rangs des terroristes pourrait encourager ces derniers et les conforter dans leur rêve de pouvoir s’appuyer sur les musulmans de France dans leur entreprise criminelle. En dénonçant avec force les atrocités des terroristes et leur barbarie, en multipliant les appels, les manifestations et les rassemblements aux côtés de nos concitoyens nous brisons le rêve des terroristes de trouver parmi les Français des soutiens à leur cause perdue.

Les musulmans de France doivent aussi s’adresser à ceux qui s’interrogent légitimement sur le lien qui pourrait exister entre l’islam et l’idéologie meurtrière des terroristes. Car il faut bien reconnaître que les propagandes terroristes de Daech s’appuient sur des textes religieux musulmans en les détournant de leur contexte et en leur assignant des finalités et objectifs en totale contradiction avec l’essence même de l’islam. Sur ce point, les musulmans de France regrettent que les institutions religieuses musulmanes qui ont une notoriété connue et reconnue à l’échelle mondiale n’aient pas multiplié les prises de positions et émis des avis religieux pour dénoncer ce détournement des textes.

A ce titre, nous saluons la position du Conseil Supérieur des Oulémas (théologiens) marocains, la plus haute institution religieuse du royaume du Maroc, présidée par le Roi Mohammed VI en personne, qui a clarifié dans un avis religieux, publié le 14 novembre 2015, le concept de jihad, synonyme de l’effort sur soi et de l’élévation spirituelle qui prépare l’individu à une attitude altruiste au service de l’humanité. Cet avis dénonce le détournement par les terroristes de ce concept devenu aujourd’hui, malheureusement, synonyme de terreur, de massacres massifs et de la haine de l’autre.

Dans cet avis, le Conseil Supérieur des Oulémas fait référence à deux textes coraniques : « N’agressez point, Dieu n’aime pas les agresseurs» (Coran, 2:190) et « Quiconque tue un être humain …tue l’humanité toute entière. Quiconque sauve un être humain sauve la vie de l’humanité toute entière !» (Coran, 5 :32).

Le coran considère la guerre comme un incendie qu’il faut éteindre par tous les moyens : « Toutes les fois qu’ils allument un feu pour la guerre, Dieu l’éteint. Ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre. Dieu n’aime pas les semeurs de désordre. » (Coran 5:64).

Si le Coran a autorisé aux musulmans de repousser l’agression et de porter assistance aux personnes en danger: « Ceux qui ont été l’objet d’une agression, parce qu’ils ont été injustement traités, sont autorisés à se battre contre leur agresseurs.  Dieu a assurément le pouvoir de les aider. (…) Si Dieu ne repoussait pas certains hommes par d’autres, les cloîtres auraient assurément été démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom de Dieu est souvent mentionné.» (Coran, 22- :39-40), il leur a ordonné de préserver la paix par tous les moyens : « S’ils demandent la paix, après t’avoir agressé, accepte la paix en te confiant à Dieu, (…) Si, par cette demande, ils cherchent uniquement à te tromper, accepte la paix et qu’il te suffise d’avoir Dieu avec toi! N’est-ce pas Lui qui t’a déjà prêté Son assistance …» (Coran, 8 : 60-63).

C’est cette lecture des textes qui conforme aux principes et valeurs fondamentaux de l’islam qui doit prévaloir. Car l’essentiel de la mission de la foi musulmane est d’éveiller la conscience du croyant afin que ce dernier agisse avec amour et miséricorde et non qu’il devienne, au nom d’une vérité qu’il prétend être le seul à détenir un élément destructeur: « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers ». (Coran, 21:107).

Nous Musulmans de France, devons rester  fidèles à nos convictions, fidèles dans notre témoignage et droits dans nos engagements contre le terrorisme qui cherche à légitimer ses crimes en se cachant derrière un vocabulaire islamique et des appellations usurpées.

La lutte contre ce terrorisme, incarnation de la barbarie et de la lâcheté, doit puiser toute sa force dans notre unité, notre cohésion et notre vigilance pour que les Français continuent de vivre dans la paix et la sécurité.

Que Dieu comble de sa Miséricorde toutes les victimes, accorde à leurs familles son soutien face à leur immense chagrin et aide les blessés à surmonter leur blessures et leurs douleurs.

Que la France vive heureuse et prospère. Qu’elle soit forte et grande par l’union et la concorde.

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Cheikh Khaled Bentounes, fondateur des Scouts Musulmans de France,

président de la Fondation Méditerranéenne du Développement Durable

Dans le cadre de la manifestation  du 1er festival de la Journée mondiale du Vivre ensemble contre la violence, le vivre ensemble, organisé par la fondation Djanatu al-Arif, le 24 novembre à Mostaganem (Algérie),

Nous exprimons notre compassion pour tous les victimes touchées par cet horrible attentat  survenu le 13 novembre à Paris , nous condamnons  cet acte inhumain  contraire à tous les usages et à toute dignité humaine. Rappelons que la sacralite de la vie et son inviolabilité son inscrites dans la tradition musulmane et son message universel.

«Celui qui a tué une seule âme injustement, c’est comme s’il a tué l’humanité toute entière» nous dit le Coran ( S:S V.32). Quant au prophète, il dit: «Vous êtes tous d’Adam et Adam est de terre».

Que la violence et la haine ne nous aveuglent pas au point de commettre un crime contre l’humanité. Cet acte ne fait que s’ajouter à la souffrance endurée par des millions d’homme de femmes et d’enfants vivant dans le chaos qui règne au Moyen-Orient et aggrave la situation  de centaines de milliers de réfugiés qui fuient leurs pays détruits vers les pays européens d’accueil.

Président de la fondation
BENTOUNES K. Mourad

VIDÉO

Cheikh Bentounès : « Il faut réapprendre la valeur de la vie à nos enfants »

Pour le guide spirituel soufi, c’est l’éducation qui est à l’origine du mal qui frappe l’islam de France.

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Islam et violence

MESSAGE ADRESSE PAR LE CHEIKH KHALED BENTOUNES,

PRESIDENT D’HONNEUR A L’OCCASION DE LA CELEBRATION DE LA PREMIERE DECENNIE

DE L’ASSOCIATION DU CHEIKH AL’ALAWI POUR LA CULTURE ET L’EDUCATION SOUFIE.

L’Islam, et les religions en général sont là pour éveiller la conscience du citoyen, afin que ce dernier joue un rôle actif et utile au service de tous, et non qu’il devienne un élément destructeur de lui même et des autres au nom d’une vérité qu’il prétend connaître car comme l’enseigne le Coran : « celui qui tue un homme, tue toute l’humanité » (S5.V32) et il n’y a pas de chose plus horrible que le meurtre d’un innocent .

Comme vous tous, nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation internationale. Ce qui se passe aujourd’hui concerne chacun d’entre nous et le concernera plus encore demain. La violence appelle la violence et nous savons qu’au cours de l’histoire de l’humanité qu’elle n’a apporté aucune solution durable et équitable. Elle ne fait le plus souvent que répandre le sang et les larmes des pauvres et des innocents. Notre voie, en tant que soufi, a toujours été celle de la paix et de la fraternité.

Je dis, s’il y a une prière à faire, c’est celle-ci : Que Dieu guide nos pas, et nous rende plus tolérants, qu’Il ôte la haine de nos cœurs et qu’Il la remplace par l’amour. Qu’Il enlève la colère et la remplace par Sa sagesse, afin de nous rendre plus conscient de nous même et des autres et de nous permettre de partager ce don sacré que nous avons reçu, celui de la vie.

La voie que les maîtres soufis ont tracé et que leur adeptes suivent appelle à la sagesse afin que les hommes d’ici et d’ailleurs puissent partager ce don précieux, celui de la vie. Je vous invite en tant que croyant musulman à vivre et à vous engager dans cette voie du milieu « Et nous avons fait de vous une communauté du juste milieu » (S2.V143) qui ne dresse pas les hommes les uns contres les autres mais au contraire les appelle à la concorde.
Plus que jamais notre société a besoin de cette voie médiane, source de tolérance et de paix.

L’Islam, et les religions en général sont là pour éveiller la conscience du citoyen, afin que ce dernier joue un rôle actif et utile au service de tous, et non qu’il devienne un élément destructeur de lui même et des autres au nom d’une vérité qu’il prétend connaître car comme l’enseigne le Coran : « celui qui tue un homme, tue toute l’humanité » (S5.V32) et il n’y a pas de chose plus horrible que le meurtre d’un innocent .

Si nous devons vivre et partager une vérité, c’est bien celle par laquelle débute le Coran « Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux », et cette miséricorde s’exprime par l’amour de l’homme pour l’humanité, conformément au hadith du Prophète Mohamed (sur lui la grâce et la paix) : « nul d’entre vous n’est croyant s’il ne souhaite pas pour autrui ce qu’il désire pour lui même ».

Soyons donc la Communauté de l’espérance et de la fraternité afin de témoigner et partager cet idéal supérieur pour lequel nous nous sommes engagés.

Quant aux évènements dramatiques qui font trembler l’humanité et vaciller les empires, voilà un hadith du Prophète (ssp) qui nous rappelle l’attitude du croyant : Abû Bakr a rapporté ces paroles de l’Envoyé de Dieu (ssp) : « Certes il y aura des troubles ! Certes il y aura des troubles ! Pendant ces troubles, celui qui est assis sera meilleur que celui qui est debout, celui qui est debout, meilleur que celui qui marche, celui qui marche meilleur que celui qui court pour y prendre part. Quand ils auront éclaté, que celui qui possède un troupeau de chameaux, s’occupe de ses chameaux, que celui qui possède un troupeau de moutons, s’occupe de ses moutons et que celui qui possède une terre s’occupe de sa terre !

Un homme lui demanda :

  •  Et ceux qui n’ont ni chameaux, ni chevaux ni terre, que feront ils ?

  •  Qu’ils prennent leur sabre et le casse contre une pierre, et qu’ils se préservent des troubles s’ils le peuvent ! Mon Dieu ai-je bien fait parvenir le message ? Mon Dieu ai-je bien fait parvenir le message ?
    Un autre demanda :

  •  Et si l’on me force à me ranger du côté d’un des belligérants et que l’un des combattants me frappe de son sabre ou que je sois tué d’une flèche ?

  •  Il devra répondre de son péché et du tien et il sera d’entre les gens du feu ». (Muslim)
    Un hadith semblable, rapporté par Sa’ad ibn Abi Waqqas, contient ce rajout :O Envoyé de Dieu, s’il vient à entrer chez moi et lève son bras sur moi pour me tuer ?

  •  Sois comme le meilleur des fils d’Adam, répondit-t-il, puis il me lu le verset :  » Si tu lèves la main sur moi pour me tuer, je ne ferai pas de même, car je crains Dieu, le Souverain des mondes ! » (S5.V28 )
    Que le Miséricordieux préserve toute l’humanité des malheurs que l’homme est capable de faire subir à son prochain par haine et par ignorance.

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SCOUTS MUSULMANS DE FRANCE

La Nation est Une, ne cédons pas à la terreur 


A nouveau l’horreur a frappé. Les Scouts Musulmans de France condamnent avec force les attentats de ce 13 novembre à Paris, dont l’ampleur sans précédent traduit la volonté délibérée de créer la division et de semer la peur.  

Nos  pensées  accompagnent  les  victimes  de  ces  événements  tragiques.  Toute  notre
compassion et nos condoléances pour leurs familles et leurs proches. 

Ne cédons pas à la terreur.  

La Nation est Une ! Si un de ses membres est atteint, la souffrance est ressentie par
tous.  

Affirmons ensemble que la fraternité humaine existe, résiste. Cette épreuve tragique, qui nous touche tous, peut l’ébranler : elle doit, plus que jamais, rester forte et soudée.

La Liberté, l’Egalité et la Fraternité sont les fondements de la République qui nous permettent de vivre, d’espérer et de partager un avenir commun.  

Contre le projet de la mort, nous choisissons la vie.

Depuis 25 ans, l’association Scouts Musulmans de France, agréée mouvement de jeunesse et d’Education populaire et membre de la fédération du Scoutisme Français, œuvre pour la paix, l’entente et la solidarité entre tous.

Abdelhak Sahli, Président

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#NousSommesUnis : l’émouvante vidéo

des étudiants musulmans de France

Des étudiants musulmans de France condamnent les attaques de vendredi soir dans une vidéo publiée dimanche 15 novembre sur Internet.

Des étudiants musulmans de France ont tenu à exprimer leur émotion suite aux attaques terroristes de vendredi soir. Dans une vidéo très touchante, intitulée #NousSommesUnis, ils témoignent leur soutien aux victimes et font part de leur effroi, ainsi que de leur tristesse.

« Les Étudiants Musulmans de France présentent leurs plus sincères condoléances aux familles ainsi qu’un prompt rétablissement à tous les blessés. EMF condamne fermement la vague de violence qui a secoué la capitale. Rien, aucun principe, aucune souffrance, ni aucun mal être, ne peut justifier l’inhumanité, la violence et la terreur des actes qui ont été commis […] Face à ce drame national, EMF appelle à l’unité et à la solidarité. La France doit rester unie face à ce déferlement de violences qui tue des civils innocents et meurtrit une nation entière. Dans un tel moment de recueillement national, les déclarations anxiogènes et les discours clivants et porteurs d’amalgames n’ont pas leur place. Plus que jamais, la nation doit resserrer les rangs et le mot d’ordre doit rester l’union ! », explique l’EMF sur son site Internet.

 

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Le Conseil théologique musulman de France (CTMF)

Paris, le 18 novembre 2015.

بسم الله الرحمن الرحيم

Les attentats terroristes qui ont endeuillé la France le vendredi 13 dernier exigent de notre part de donner la position de l’islam vis-à-vis de tels actes, à travers les points suivants :

1. Le musulman ne doit jamais réagir aveuglément et sur la base de ses seules pulsions mais, au contraire, toujours à partir de la considération de tous les éléments d’une situation donnée et d’une compréhension globale des fondements de sa religion, car il se sait responsable de ses actes et de ses propos aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes. Il veille, par conséquent, à ce que rien de ce qu’il dit ni fait ne puisse jamais être injustement imputé à la religion.

Pourtant, combien de propos tenus par certains musulmans sur l’islam, sans les connaissances requises, et combien d’actes commis dénués de toute compréhension de l’islam lui sont imputés ? Dieu nous met en garde contre le fait de Lui attribuer des propos injustement : « N’inventez pas par vos langues des mensonges, en disant “ceci est permis”, et “cela interdit” dans le dessein de mentir sur Dieu, car ceux qui mentent sur Dieu ne réussissent jamais » (s. 16, Les Abeilles, v. 116).

L’islam exhorte le musulman à être le meilleur ambassadeur de sa religion, envoyée sur Terre comme une miséricorde pour l’humanité tout entière. Ainsi Dieu lie-t-il la modération qui doit être celle de la communauté musulmane et sa retenue à son devoir de témoignage de la justice devant les hommes en disant : « C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu afin que vous soyez les témoins des gens et que le Messager soit votre témoin » (s. 2, La Vache, v. 143).
2. L’islam interdit l’assassinat et l’attentat à la vie humaine. Les textes à ce sujet sont très nombreux. Parmi eux, il y a ce verset : « Et c’est pour cela que nous avons prescrit aux enfants d’Israël que quiconque tue une âme sans que ce soit pour une âme ou pour une corruption aura tué toute l’humanité et quiconque en garde une en vie aura gardé toute l’humanité en vie » (s. 5, La Table servie, v. 32). Il y a aussi ce hadith qui dit : « Le serviteur peut espérer demeurer dans les largesses de la religion, tant qu’il ne verse pas une goutte de sang, interdite » (recueilli par Al-Bukhari).

Il n’est pas juste d’opposer à ces textes et à ceux allant dans le même sens ceux qui autorisent le droit de légitime défense auquel une autorité légale et reconnue peut avoir recours en cas d’agression. Ces derniers n’établissent pas de règles quant aux relations que les musulmans doivent avoir entre eux et/ou avec les non-musulmans. La règle, en la matière, est celle qu’édicte le verset du chapitre Les Chambres : « Ô vous les hommes, Nous vous avons, assurément, créés en hommes et femmes et avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous fassiez mutuellement connaissance. Le meilleur parmi vous aux yeux de Dieu est le plus pieux » (s. 49, v. 13).

L’islam considère que ce qui doit caractériser les relations humaines, c’est la connaissance mutuelle et la paix. On ne peut donc pas opposer les versets les uns aux autres dans le seul but d’abroger d’autres versets coraniques coercitifs et des hadiths authentiques qui incitent à la bienséance, au vivre-ensemble et au dialogue.
3. La vie, de quelque personne que ce soit doit, être protégée, sur la base de l’anoblissement que Dieu a réservé aux hommes, et qui les recouvre tous (s. 17, Le Voyage nocturne, v. 13). Les enseignements islamiques ne font, à ce sujet, aucun distinguo entre un musulman et un non-musulman. Et ce, tant et si bien que le Prophète dit : « Quiconque tue une personne avec qui les musulmans ont un pacte ne sentira point l’odeur du paradis » (recueilli par Al-Bukhari).
4. Le musulman doit condamner toutes les injustices, quels qu’en soient les auteurs et quelles qu’en soient les victimes. Pour cette raison, il lui est demandé de les dénoncer et de défendre les sanctuaires de toutes les religions. Dans ce sens, Dieu dit : « Si Dieu ne protégeait pas certains humains par d’autres, il serait détruit des synagogues, des oratoires, des églises et des mosquées dans lesquels on cite le nom de Dieu à maintes reprises. Et Dieu secourra effectivement quiconque Le secourt. Il est assurément très Puissant et très Fort » (s. 22, Le Pèlerinage, v. 40). Aussi est-il recueilli du Prophète ceci : « Secours ton frère auteur ou victime d’injustice. » Un homme lui dit : « Je le secours quand il est victime d’injuste. Mais s’il en est auteur, comment puis-je le secourir ? » Il répondit : « En lui mettant des entraves à l’injustice ou en l’en empêchant. Ainsi le secours-tu » (recueilli par Al-Bukhari).
Comme il lui est prescrit de dénoncer ce qui arrive à ses frères, en religion, comme injustices, il est exigé de lui qu’il condamne toute injustice qui frappe tout humain. Le Prophète dit : « Craignez l’invocation d’une victime d’injustice, même non-croyante, car il n’y a aucun obstacle entre elle et Dieu » (recueilli par les imams Ahmad et Abu Ya’lâ).
5. S’il est entendu que l’on doit condamner l’injustice que subit toute victime, il l’est encore davantage si ce sont tes concitoyens qui en font les frais, car tu es des leurs et les accompagnes dans les moments de joie comme ceux de malheur. Et, de fait, les prophètes, nonobstant tout ce qu’ils ont subi de la part de leurs peuples, jamais ils n’ont cessé de rappeler les liens qui les liaient aux leurs.

Le Coran l’illustre à plus d’une reprise lorsqu’un prophète s’adresse aux siens (qui le combattent) par cette expression: « Ô mon peuple ». Et combien, par exemple, le Prophète était attaché à La Mecque, en dépit du rejet par ses habitants de son message ? Pourtant, une fois chassé d’elle, par amour pour elle il lui parle, comme on parle à un humain, et comme pour s’excuser de devoir la quitter, en ces termes : « Par Dieu tu es la meilleure terre de Dieu qui soit et celle que j’aime le plus. Et si tes habitants ne m’avaient pas expulsé de toi, jamais je ne t’aurais quittée » (recueilli par Ahmad, Al-Tirmidhi, Al-Nassa’i, Alhâkim, Ibn Mâjah et Al-Dârimi).

 

6. Notre attachement à la sécurité de notre pays et à la défense de tous ses citoyens et notre rejet de l’injustice et de toute agression ne doivent nullement nous empêcher d’exprimer nos idées en tant que citoyens, épris de justice, avec objectivité et impartialité, sur ce qui se passe dans le monde et au sujet des différentes politiques conduites dans notre pays, soucieux que ces dernières soient les plus proches possibles de la justice et de l’impartialité. Chose dans laquelle nous nous trouvons au même titre que le restant de nos concitoyens, animés des mêmes idéaux, en dépit des différences de croyances.
7. Nous devons comprendre que la sécurité est un des plus grands bienfaits qui soient. Dieu, dans le Coran, rappelle aux Mecquois ce cadeau infiniment énorme lorsqu’Il dit : « Alors qu’il adore le Seigneur de cette demeure qui les nourrit, après la faim, et les protégea de l’insécurité. » Comme le Prophète dit : « Celui qui se réveille en bonne santé, en sécurité, et en possession de sa subsistance quotidienne est comme celui qui a en sa possession tous les bienfaits du monde » (recueilli par Ibn Hibbâne).

Or la sauvegarde de la sécurité est l’affaire de tous. C’est ensemble que nous devons ou pouvons contrer quiconque veut ou voudra couler notre bateau commun, comme le mentionne un autre propos du Prophète.
8. Le devoir du musulman face à cette tragédie qui a endeuillé notre pays est de veiller à ce qui suit :

a. Chercher la science auprès des personnes qui la détiennent et aux bons endroits. Dieu dit : « Demandez alors aux gens du rappel (le savoir) si vous ne savez pas » (s. 21, Les Prophètes, v. 7). Faisant la glose de ce verset, al-Saadi dit : « Il y a dans ce verset l’ordre d’apprendre auprès des gens du savoir et de les interroger. Et, par là, il y a l’interdiction d’interroger celui qui est connu comme ignorant, pas formé. »

b. Éduquer nos enfants dans les principes de tolérance de l’islam, qui appellent au bien, à l’entraide, à la miséricorde et à l’amour d’autrui, à la paix, et proscrivent l’injustice et l’agression, ainsi que prendre en charge l’orientation de nos jeunes, le dialogue avec eux, afin de les protéger de toute idéologie extrémiste.

c. Enseigner les valeurs fondamentales de cette religion afin que notre pratique de la religion redonne à la communauté musulmane sa place du juste milieu, en répondant à l’injonction divine, qui veut que nous agissions ainsi (s. 2, La Vache, v. 143).

d. Œuvrer sans relâche à protéger le vivre-ensemble dans notre société, à la lumière de ce propos divin : « Aidez-vous dans le bien et la piété. Ne vous aidez point dans le pêché et l’agression. » Et le Prophète qui a établi la Constitution de Médine qui consacra le vivre-ensemble, l’égalité et la concitoyenneté dans cette cité est le meilleur exemple qui soit.
Puisse Dieu faire de nous des gens qui honorent les principes de leur religion, œuvrent pour la justice et font le bien à toutes les créatures.

Le Conseil théologique musulman de France (CTMF)

Source : http://www.saphirnews.com/Preche-du-vendredi-L-islam-interdit-l-assassinat-et-l-attentat-a-la-vie-humaine_a21603.html

Voici le texte proposé par Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, ancien membre du CFCM, pour le prêche du vendredi 20 novembre 2015, dans les mosquées du Rhône. En raison de sa qualité, nous le publions dans son intégralité.

Appel des imams du Rhône

« Qui tue un être humain a tué toute l’humanité » (Coran)

I – Une tragédie historique

Dix mois à peine après les événements tragiques de janvier 2015, la France a encore une fois été le théâtre de nombreuses attaques terroristes. A ce jour, on compte 129 morts et 352 blessés. Une tragédie historique.

Les motivations apparentes de ces honteux meurtres commis de sang-froid sont aussi tristes que révoltantes car aucune raison au monde supposée ou réelle ne saurait justifier de tels gestes aveugles.

Nos pensées vont d’abord et avant tout aux familles des victimes et aux survivants que ces crimes effroyables marqueront à vie. Nous implorons Dieu le Tout Puissant de les aider à trouver le courage de surmonter cette épreuve si difficile, si profonde et si insoutenable.

Nous avons été attaqués par la haine aveugle et la folie meurtrière. Restons unis et solidaires et ne tombons pas dans le piège de la division tendu par ces agents du mal.

II – « Qui tue un être humain a tué toute l’humanité » (Coran 5/32)

Depuis que les identités des auteurs de ces crimes barbares, souvent très loin de la pratique musulmane, ont été divulguées, les musulmans de France sont régulièrement interpellés sur les questions de la paix, la guerre et la violence. Certains chercheraient même à montrer que le Coran porte en son sein des versets qui légitimeraient le rejet envers les autres religions. Que disent véritablement les textes fondateurs de l’islam ?

C’est parce qu’il est capable du pire, que l’homme doit faire un effort à l’intérieur de lui-même pour être le meilleur. Il doit lutter au quotidien contre les forces les plus négatives de son être. Son humanité dépendra essentiellement de sa capacité à maîtriser ses pulsions, ses tensions et ses démons intérieurs, nous dit la tradition musulmane.

Et au lieu de déclarer la guerre au monde entier, l’homme devrait apprendre à mener un combat à l’intérieur de lui-même, dans son coeur, car l’homme est sur terre non pas pour détruire la vie, mais pour la donner : « Quiconque a tué un être humain non coupable de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme ayant tué l’humanité tout entière ; et quiconque a sauvé la vie d’un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l’humanité tout entière ! » (Coran 5/32). Et dans la tradition musulmane, on trouve cette parole du prophète (Psl) qui appelle au respect foncier de tous les croyants : « Quiconque fait du mal à un chrétien ou à un juif sera mon ennemi le jour du Jugement » (rapporté par Muslim). L’homme n’est pas sur terre pour haïr mais pour aimer : « Nul d’entre vous n’a la vraie foi s’il ne désire pas pour son prochain ce qu’il désire pour lui-même« (hadith rapporté par Bukhârî). L’homme n’est pas sur terre pour prêcher la haine mais pour propager la paix : « Répandez la paix, donnez à manger à ceux qui ont faim, honorez les liens de parenté, priez alors que les gens dorment, vous entrerez au paradis en paix » (hadith rapporté par Tirmidhi).

C’est au fond ce qu’enseignent toutes les religions et toutes les philosophies. Elles font du respect de la vie, de la diversité, de la dignité humaine, des croyances et des religions un principe universel. Dans la tradition musulmane, la diversité est perçue comme une volonté divine : « Et si Dieu l’avait voulu, certes Il aurait fait de vous une seule et même communauté ; mais Il a voulu vous éprouver par la diversité. Rivalisez donc d’efforts dans l’accomplissement de bonnes oeuvres » (coran 5/48). Le respect de la diversité est notre défi aujourd’hui. Elle est notre épreuve de tous les jours. Quand elle est bien gérée, cette diversité est une richesse, elle équivaut à une rivalité dans la bonté. Mais quand elle est mal gérée, elle peut s’exprimer dans la volonté de puissance, de pouvoir sans partage et de violence dans ce monde où différentes traditions se mêlent et vivent ensembles.

III – Les textes de l’islam et l’impératif « renouveau de l’Ijtihad »

Les valeurs humaines auxquelles nous sommes tous attachés sont plus essentielles que nos divergences et ce qui nous rapproche est bien plus important que ce qui nous sépare. Ce message est évidement difficile à faire entendre en ces temps de débats passionnés où les simplifications, les manipulations et les raccourcis intellectuels et médiatiques se généralisent. Cela étant dit, pour nous, imams, éducateurs et recteurs des mosquées, l’heure est à l’autocritique et à l’introspection. Nous devons faire notre propre examen de conscience pour répondre à ces questions essentielles :

Pourquoi en eston arrivé là ?

Comment expliquer que des jeunes se réclamant de l’islam accomplissent des actes aussi barbares ?

Et surtout comment lutter efficacement contre la barbarie, la terreur et la montée en puissance de la violence et du radicalisme ?

Pour répondre à toutes ces questions, la bonne volonté ne suffit pas, les beaux discours non plus. Il nous faut savoir faire preuve de clarté et d’honnêteté, de franchise et de transparence quels que soient les enjeux. Et cela commence par apprendre à considérer notre époque, comprendre la société dans laquelle nous vivons ; son histoire, sa culture et ses institutions. C’est un passage obligé si nous désirons que le coran et la tradition du prophète (Psl) nous parlent, à nous, ici dans ce pays, dans notre contexte, et orientent notre éthique dans une société sécularisée. Tels sont les exigences du respect et du savoir vivre ensemble. Ce travail nous permettra de voir combien est importante la place de de l’interprétation des textes de l’islam, combien les avis sont abondants et combien les lectures de ces textes sont diverses et variées. L’instrumentalisation du coran et de la tradition du prophète (Psl) par des organisations terroristes comme « Daesh » rend urgent ce travail institutionnel de contextualisation de ces textes qui demeurent une référence spirituelle indéniable pour les musulmans.

Ce travail intellectuel représente sans doute l’une des attentes les plus importantes des musulmans et des non musulmans aujourd’hui. En effet, les malentendus persisteront et les relations entre les musulmans et les non musulmans ne pourront s’améliorer si les uns se contentent de lire l’actualité des événements sociaux ou politiques en brandissant la « menace islamique » et les autres de répondre que la violence ne relève pas de l’islam.

Si les musulmans doivent répondre clairement, objectivement et sincèrement à toutes les questions qui se posent autour de l’islam et la violence, les non musulmans doivent apprendre à les écouter, les connaître et leur donner l’occasion de s’exprimer sans les juger et sans douter de leur sincérité. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas.

Enfin, l’Etat doit considérer l’islam comme une religion française au même titre que les autres grandes religions et assumer ses responsabilités vis-à-vis des musulmans qui ont souvent droit à de grands discours sans portée pratique notamment en ce qui concerne la formation des imams.

IV – Construire les ponts d’amitié et de fraternité

Nous les imams du Rhône, condamnons la violence sous toutes ses formes. Nous nous engageons à continuer à promouvoir dans nos prêches le respect de la diversité, à dénoncer les lectures extrémistes des textes de l’islam et à prendre nos distances avec tous ceux qui placent l’évolution de notre société dans un schéma conflictuel.

– Nous appelons les responsables et recteurs à assumer leurs responsabilités dans les mosquées et à développer toutes les initiatives qui favorisent le vivre-ensemble et luttent contre toutes les formes de rejet et d’extrémisme ;

– Nous appelons l’Etat et les instances musulmanes à s’assurer que les aumôniers soient formés et les aider à construire et développer des contre-discours pour combattre toute forme de radicalisation en milieu carcéral ;

– Nous appelons les penseurs et intellectuels musulmans à étudier et discréditer les fondements idéologiques et théologiques de la pensée extrémiste et combattre ceux qui l’alimentent, la nourrissent et la financent.

– Nous appelons les éducateurs musulmans à développer les activités, les loisirs et les rencontres susceptibles d’apporter à nos enfants l’équilibre psychologique, spirituel, physique et intellectuel dont ils ont besoin ;

– Nous appelons les jeunes musulmans de France à répondre à l’appel du prophète (Psl) : « Soyez les propagateurs de la paix« , à promouvoir les valeurs du respect, du pardon, de la miséricorde et de la fraternité et ne jamais céder aux provocations et aux tentations du repli sur soi.

– Nous appelons tous les musulmans de France à consolider leur attachement à la France et aux valeurs républicaines, à édifier les ponts d’amitié et de fraternité avec leurs concitoyens et participer à la construction d’une société tournée vers le respect et l’entente mutuelle, le partage et la solidarité, la collaboration la réconciliation.

Face aux événements tragiques qui ne cessent de frapper notre pays, nous n’avons plus le droit de réfléchir seul sans les autres et encore moins contre les autres. Dans ces moments difficiles, c’est ensemble, les uns avec les autres que nous devons travailler sans cesse à la construction de la paix et de la fraternité. C’est ensemble que nous devons faire face à tous les manipulateurs des consciences, aux prêcheurs de la haine et aux entrepreneurs de la violence.

Seigneur, fais de notre pays un lieu de paix, de sécurité et de prospérité et attribue à ses habitants les biens et les richesses.

 

Non au terrorisme : les lignes directrices du prêche du vendredi post-attentats

Rédigé par Conseil français du culte musulman (CFCM) | Jeudi 19 Novembre 2015

 

 

Après les Louanges d’Allah et la Prière sur Son Messager (Paix et bénédiction sur lui)
Nous avons tous suivi avec horreur et désolation la vague d’attentats meurtriers qui ont ébranlé notre pays vendredi 13 novembre. En tant que citoyens français de confession musulmane, nous sommes tous concernés par ce drame.

 

D’une part, parce qu’à l’instar de tous les citoyens français, nous sommes des cibles potentielles de ce genre de tueries aveugles. D’autre part, parce que ces actes criminels ont été perpétrés par des enfants de France qui se prévalent de l’islam et qui se considèrent comme des martyrs engagés dans une entreprise djihadiste.

 

Il est évident que l’ensemble des musulmans de France dénonce sans équivoque ces attentats tragiques et se démarque de l’idéologie qui nourrit les auteurs de ces actes inqualifiables.

 

Il est légitime de se demander si – en tant que musulmans – nous devions, encore une fois, nous justifier devant nos compatriotes, comme si nous étions des « présumés coupables ».Mais devant les amalgames et les confusions qui risquent de nous faire subir une nouvelle vague de stigmatisations et d’actes islamophobes, nous ne devons jamais nous lasser de dire et redire haut et fort que l’islam authentique est à des années-lumière de l’idéologie de haine de ces criminels terroristes.

 

Nous ne devons jamais nous lasser de réaffirmer notre rejet catégorique et sans ambiguïté de toute forme de violence ou de terrorisme, qui sont la négation même des valeurs de paix et de fraternité que porte l’islam.

 

Ces groupuscules terroristes qui ont semé la terreur dans le monde ne sont que l’incarnation actuelle d’une idéologie ancestrale d’un groupe de dissidents qui ont combattu les compagnons du Prophète (PBSL). Il s’agit des « khawarij » des temps modernes.

Le Prophète (PBSL) n’a pas manqué dans une prophétie de décrire le profil de ces radicaux lorsqu’il dit : « Sortira à la fin du temps de jeunes gens, aux ambitions sottes, ils lisent le Coran et ne dépassera pas leur gosiers, ils disent la meilleure des paroles, ils sortiront de la religion comme la flèche sort de sa cible. » (hadîth authentique rapporté par at-Tirmidhî).

 

Si ces organisations ont malheureusement réussi parfois à embrigader et à recruter des jeunes de différents horizons pour servir leur projet chaotique, c’est parce qu’ils ont, entre autres, instrumentalisé des Textes religieux après leur avoir attribué une interprétation dévoyée.

Le contexte géopolitique bien difficile par lequel passe le monde, la fragilité sociale et psychologique de certains jeunes et les nouveaux moyens de communication sont les fertilisants d’un terreau qui a donné vie à cette gangrène des temps modernes.

Sur le plan religieux, les musulmans doivent assumer leurs responsabilités.

En effet, pour éviter ce genre de dérives, les Textes scripturaires doivent être appréhendés et expliqués par des référents religieux connus et reconnus, doués de science et de sagesse.

 

Le Coran lui-même l’annonce : « C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à des interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets équivoques cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation dévoyée. Alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent: «Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur !» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent. » (sourate 3, v. 7).

 

Allah proclame aussi : « (…) Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas » (sourate 21, v. 7)

 

Ces organisations se fondent assez souvent sur des récits parlant des signes avant-coureurs de la fin du monde pour esquisser un scénario futuriste dans lequel elles s’attribuent le rôle des sauveurs de l’islam et de l’humanité. Elles vivent ainsi dans un monde imaginaire parallèle qui convoite les esprits fragiles.

 

Ces récits sont pour certains, classés comme faibles par les spécialistes des sciences du hadith. Pour d’autres, ces récits sont très loin de la réalité actuelle du monde.

 

Concernant la caractérisation de ces groupuscules, on ne peut qu’être interpellé par un récit qui, bien que sa chaîne de transmission soit faible, donne une description révélatrice de la réalité de ces imposteurs.

 

Al Hâfidh Na’îm Ibnou Hammâd, un des maîtres d’Al-Bukhârî, rapporte qu’Alî Ibn AbîTâlib dit : « Quand vous verrez des drapeaux noirs, ne bougez pas de votre place, ne déplacez pas vos mains ni vos pieds. Après, apparaîtra une communauté d’immatures, à qui on n’accorde aucune importance. Leurs cœurs sont comme des morceaux de métal. Ils se présentent comme les représentants de l’Etat. Ils n’acceptent ni discussion ni alliance. Ils appellent à la vérité, mais ne sont pas eux-mêmes des gens de vérité. Leurs prénoms sont des prénoms d’emprunt et leur noms se rapportent à des villages (ou des villes). Leurs cheveux sont longs et lâchés comme ceux des femmes. Ils sont proches les uns des autres, jusqu’au moment où naîtra des conflits internes parmi eux. Ensuite, Allah donnera la vérité à qui Il voudra. »

 

Les savants (oulémas) musulmans sont unanimes pour dire que le jihad se décline en plusieurs catégories dont les plus notables sont :

 

• Le jihad contre soi-même à travers l’éducation, l’épuration de l’âme ;

 

• Le jihad par la pensée à travers l’effort intellectuel de manière à servir les intérêts de l’humanité ;

 

• Le jihad par l’écriture, à travers la publication d’ouvrages utiles, la réalisation d’articles éclairants et contrant les fausses accusations à l’encontre de l’Islam et des musulmans ;

 

• Le jihad par l’argent, à travers la dépense généreuse en faveur du bien et la contribution au développement socio-économique.

 

L’islam n’autorise le jihad par les armes qu’en cas d’extrême nécessité, en cas de légitime défense lorsque les musulmans sont attaqués par leurs ennemis et que toutes les voies pacifiques échouent.

 

L’islam accorde une place considérable à la sacralité de la vie. Les versets coraniques et les hadith authentiques sont sans équivoque quant au bannissement de tout acte qui attente à la vie des innocents. Allah le Très-Haut dit : « (…) Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. » (sourate 5, v. 32).

 

Il ne suffit pas à une personne de se proclamer « moudjahid » pour qu’elle le soit. Il ne suffit pas à un groupuscule de se déclarer « Etat islamique » pour qu’il le soit.

 

 

 

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