Benoît XVI, discours au président pour les affaires religieuses, Ankara, 28 novembre 2006

(…) Pour ma part, je désire aussi souligner les qualités du peuple turc. Et là, je fais miennes les paroles de mon prédécesseur immédiat, le pape Jean-Paul II, d’heureuse mémoire, qui disait, à l’occasion de sa visite en 1979 : « Je me demande s’il n’est pas urgent, précisément aujourd’hui où chrétiens et musulmans sont entrés dans une nouvelle période de l’histoire, de reconnaître et de développer les liens spirituels qui nous unissent, afin de « protéger et de promouvoir ensemble, pour tous les hommes — comme nous y invite le Concile —, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Discours à la communauté catholique d’Ankara, 29 novembre 1979).

(…) Les chrétiens et les musulmans, suivant leur religion respective, mettent l’accent sur la vérité du caractère sacré et de la dignité de la personne. C’est la base de notre respect et de notre estime réciproque, c’est la base de la collaboration dans le service de la paix entre les nations et les peuples, qui est le désir le plus cher de tous les croyants et de toutes les personnes de bonne volonté.

Depuis plus de quarante ans, l’enseignement du concile Vatican II a inspiré et guidé l’approche du Saint-Siège et des Eglises locales dans le monde entier dans leurs rapports avec les fidèles des autres religions. En suivant la tradition biblique, le Concile enseigne que tout être humain partage une origine commune et un destin commun : Dieu, notre Créateur et le but de notre pèlerinage terrestre. Les chrétiens et les musulmans appartiennent à la famille de ceux qui croient en un Dieu unique et qui, selon leurs traditions respectives, font référence à Abraham (cf. Concile Vatican II, Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, Nostra Aetate, 1,3). Cette unité humaine et spirituelle de nos origines et de nos destins nous pousse à chercher un itinéraire commun alors que nous faisons notre part de chemin dans cette recherche de valeurs fondamentales qui est si caractéristique de l’homme de notre temps. (…) Nous sommes appelés à travailler ensemble, afin d’aider la société à s’ouvrir à la transcendance, en reconnaissant au Dieu Tout-Puissant la place qui lui revient. Le meilleur moyen pour aller de l’avant est celui d’un dialogue authentique entre chrétiens et musulmans, fondé sur la vérité et inspiré d’un désir sincère de nous connaître mieux les uns les autres, en respectant nos différences et en reconnaissant tout ce que nous avons en commun. Cela doit nous conduire à un respect authentique à l’égard des choix responsables que chaque personne pose, spécialement ceux qui touchent aux valeurs fondamentales et aux convictions religieuses personnelles.

Comme exemple de respect fraternel avec lequel chrétiens et musulmans peuvent travailler ensemble, j’aime citer les paroles adressées par le pape Grégoire VII, en 1076, à un prince musulman d’Afrique du Nord, qui avait agi avec grande bonté envers les chrétiens placés sous sa juridiction. Le pape Grégoire VII parlait d’une charité spéciale que les chrétiens et les musulmans se doivent réciproquement, puisque « nous croyons et confessons un seul Dieu, même si c’est de manière différente, chaque jour nous le louons et le vénérons comme Créateur des siècles et gouverneur de ce monde » (PL 148, 451).

 La liberté religieuse, garantie par les institutions et respectée effectivement, tant pour les individus que pour les communautés, constitue pour tous les croyants la condition nécessaire à leur contribution loyale à l’édification de la société, dans une attitude de service authentique, spécialement à l’égard des plus vulnérables et des pauvres.

Monsieur le président, je désire conclure en louant le Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux pour cette occasion heureuse qui nous permet de nous retrouver ensemble en son nom. Je prie afin que ce soit un signe de notre engagement commun au dialogue entre chrétiens et musulmans, tout comme un encouragement à poursuivre ce long chemin, dans le respect et l’amitié. Je souhaite que nous puissions nous connaître mieux, en renforçant nos liens d’affection, dans notre désir commun de vivre en harmonie, dans la paix et dans la confiance réciproque. En tant que croyants, nous tirons de la prière la force nécessaire pour dépasser toute trace de préjugé et offrir un témoignage commun de notre foi ferme en Dieu. Puisse sa bénédiction toujours reposer sur vous ! »

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