L’islam à livre ouvert, revue Esprit

espritL’islam à livre ouvert

Dossier coordonné par Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS, Esprit, décembre 2016

Avec ce dossier, il s’agit de comprendre et penser l’islam dans sa complexité. Cela suppose une réflexion sur le passé, les moments de formation et de recomposition de l’islam, sans oublier les angles morts et les silences d’hier ou d’aujourd’hui, avant de porter un regard critique sur les champs politiques et le religieux appelés à s’autonomiser.

Pour cela, il importe de faire l’histoire des divisions initiales, de prêter attention aux traditions d’interprétation du Coran, comme l’a proposé Mohammed Ali Amir-Moezzi, EPHE, dans son Dictionnaire du Coran (Ed. Robert Laffont, 2007). Il montre ici comment les musulmans ont des perceptions plurielles du texte coranique, une infinité de lectures selon les époques et les cultures, depuis plus d’un millénaire. Dans ce travail d’interprétations multiples, il y a eu des périodes de déclin et de fermeture de la pensée pour des raisons diverses. Amir-Moezzi distingue l’islam des clercs, assez fermé, souvent lié au pouvoir politique, et l’islam des non-clercs (artistes, historiens, philosophes, scientifiques) qui ont eu recours à d’autres cultures pour comprendre leur propre tradition religieuse, alliant foi et raison, et recherche philosophique. Mais les courants traditionnalistes vont prendre le dessus, marginalisant la raison, et laissant aujourd’hui le champ au courant wahhabite, devenu la lecture dominante de l’islam, imposant une unité qui oublie la pluralité de la pensée, des pratiques et des mots. Face à cela, l’auteur appelle à une mise en perspective historique.

Dans son article L’islam paradoxal, Mathieu Terrier, CNRS, souligne que, dans le contexte actuel de violence fondamentaliste et de conflit exacerbé entre sunnisme et chiisme, il y a nécessité de remettre en lumière l’islam spirituel. De le réintégrer dans un islam « hétérodoxe », alors qu’il est souvent regardé dans son expression chiite ou soufie comme un élément « hérétique ». Lui aussi parle d’islam au pluriel, entre littéralisme et herméneutique, religion théophanique et monothéisme abstrait, légalisme et transgression, ce qui oblige à se garder de toute simplification à propos de l’islam aujourd’hui.

Makram Abbès, ENS Lyon, se positionne pour un djihad contre le djihadisme. Il revient de manière fort intéressante pour aujourd’hui sur la définition de la notion de djihad, montrant combien le terme a été fétichisé au début du XX° siècle et instrumentalisé aujourd’hui par les groupes armés, ce qui empêche d’en avoir une lecture critique.

Bruno Aubert, diplomate, conclut enfin ce dossier dans Daech : le dévoiement, montrant que le lien qui existe entre islam et terrorisme, islam et Daech, est de l’ordre d’un retournement de sens, d’une caricature du religieux « aussi ancienne que la religion elle-même ».

Une lecture, au cœur des débats actuels sur l’islam, faite par divers chercheurs et qui met à distance de l’actualité pour replacer toutes les questions posées par l’islam dans le contexte plus large de la pensée islamique.

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