Jean-Loup Amselle, Islams africains : la préférence soufie

soufisme

Dès la première ligne du livre, l’auteur annonce la visée de ce livre sur l’islam en Afrique : « L’idée générale de ce livre consiste à montrer que la préférence accordée à l’islam soufi dans sa variante africaine, c’est-à-dire « noire », n’est que le nouvel avatar du primitivisme à l’âge du terrorisme djihadiste ».

Jean-Loup Anselme, ethnologue et anthropologue, directeur d’études à l’EHESS, bon connaisseur de l’Afrique subsaharienne, en particulier du Mali, propose dans cet essai critique de déconstruire l’idée d’un unique islam dit africain ou « islam noir ». Le titre met islam au pluriel, un islam pensé et défini par la colonisation et qui perdure aujourd’hui. L’auteur dénonce aussi la réduction actuelle des islams subsahariens au soufisme présenté comme un rempart au wahhabisme et au salafisme.

L’ouvrage est construit autour de trois textes d’inégale longueur.

Le premier présente les islams africains dans leur pluralité et met à mal un certain nombre d’image construites, selon l’auteur, par la colonisation mais aussi par un certain nombre d’ethnologues, d’un islam « noir » : unique, pacifique, tolérant, imprégné de paganisme, marchand et non politique.

Le second développe une étude très documentée sur le wahhabisme à Bamako, au Mali, depuis les années 80, en montrant sa dimension anti-maraboutique et anti-confrérique, son idéologie « bourgeoise » et son évolution assez paradoxale aujourd’hui dans sa revendication à la fois francophone et du « patrimoine culturel immatériel malien ».

Le troisième texte enfin s’interroge sur la philosophie musulmane de Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais, enseignant à l’Université Columbia de New York. Il a élaboré « un universalisme de traduction », c’est-à-dire un universalisme reposant sur « la traductibilité infinie de toutes les cultures les unes dans les autres », une sorte de relativisme culturel comme le dit Jean-Loup Amselle, très critique sur ce positionnement.

En annexe, on peut lire une intéressante interview de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali, réalisée en septembre 2016. L’auteur revient avec son interlocuteur, qui se réclame du courant wahhabite, sur sa perception des musulmans à la suite des attentats de 2015 en France, sa vision de l’islam soufi, sa position sur l’opération Serval en 2013 au Mali et l’avenir de ce pays.

Le positionnement de l’auteur face à l’islam vécu en Afrique subsaharienne dans sa diversité, et face à l’islam dit radical, permet de questionner un certain nombre d’idées sur l’islam en Afrique, d’alimenter la réflexion sur l’évolution de la présence musulmane dans cette région du monde et plus largement aussi, comme cela est dit en conclusion, de tirer « des enseignements pour l’appréhension de la situation de l’islam et des musulmans dans l’Hexagone ».

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