Diocèse de Valence

17ème rencontre islamo-chrétienne d’Aiguebelle

« Dieu nous parle, parlons-nous! »

Une rencontre interreligieuse a eu lieu le 7 juin 2015 à l’Abbaye Notre Dame d’Aiguebelle un dialogue fraternel entre Sœur Bénédicte et Hafid Ouardiri en présence de plus de 150 participant(e)s venu(e)s d’un peu partout en France.

Tel était le thème de la 17ème rencontre islamo-chrétienne à l’abbaye Notre-Dame d’Aiguebelle. Accueil toujours aussi chaleureux pour les quelques 180 personnes venant de la région Rhône-Alpes pour écouter Sœur Bénédicte de la Croix cistercienne de l’abbaye Notre-Dame du Bon Secours à Blauvac(84), fine connaisseuse des écrits et de la spiritualité de Christian de Chergé (abbé de Tibhirine) qu’elle citera de nombreuses fois, et Hafid Ouardiri directeur de la fondation pour « l’Entre Connaissance » qui œuvre depuis 30 ans pour la meilleure connaissance possible des cultures et autres religions, la connaissance qui est le seul chemin possible de la paix. L’un et l’autre avaient convenu de limiter leurs interventions afin de laisser davantage de temps aux questions des participants. Ils ont posé les jalons sur une prise de conscience d’un Dieu qui se risque à nous parler et à attendre notre réponse. Tout dialogue n’est-il pas un risque à assumer ?

Si les deux intervenants ont su manier l’humour, monsieur Ouardiri s’excusant de parler à côté d’une « femme voilée » (voir photo), c’était pour nous faire rentrer dans la profondeur de ce geste divin d’un Dieu qui parle, un Dieu qui lui-même ne manque pas d’humour.

Dieu parle, c’est une certitude, mais pour nous dire quoi ? Que chacun est invité à participer à sa Vie, il veut le meilleur pour tous (lettre de Paul à Timothée). Comment s’y prend-il ? Par l’initiative d’un dialogue, car il s’agit bien d’un dialogue si Dieu parle il attend notre réponse, et nous avons cette incroyable liberté de ne pas la donner. Alors parce qu’il y a des réticences à l’écouter, Il va jusqu’à envoyer son Verbe fait chair (Jean) chef d’œuvre d’amour que l’Incarnation. Voilà la grande pauvreté de Dieu : s’engager dans un dialogue sans avoir la certitude d’une réponse, Dieu n’impose rien, il parle sans créer une quelconque contrainte.

Notre réponse nous dit Christian de Chergé peut se faire jusque dans les petits gestes journaliers, les limites du dialogue se trouvent non dans les sommets de l’intellect, mais dans la simplicité de chaque geste quotidien car chacun revêt une dimension spirituelle : un sourire, une poignée de main, un regard bienveillant même à l’inconnu, même à celui qui nous indiffère, même à celui qui nous est antipathique, c’est toujours une réponse à Dieu qui est faite, l’inverse aussi du reste qui est un refus de réponse à Dieu.

La Parole de Dieu peut être consignée dans la Bible, le Coran ou beaucoup d’autres spiritualités dont l’homme a besoin, mais elle ne peut rester enfermée dans des écrits, même si ceux-ci sont des références. Alors il nous faut dialoguer avec notre foi construite dans notre tradition, parce qu’on ne peut couper l’homme de sa source, pour aller à la rencontre de l’autre. Il est vain d’utiliser nos différences pour s’entretuer. La richesse de la Parole de Dieu est d’ouvrir à la rencontre en restant dans une attitude de miséricorde parce que l’autre à les mêmes besoins que moi. Monsieur Ouardiri de fustiger les pasteurs de quelques religions qu’ils soient, qui se prennent pour les « fondés de pouvoir » de Dieu, leur prêche se font trop souvent en fonction de ce que les fidèles aiment entendre. Dieu seul sait ce qu’il faut à chacun et chacun, quel qu’il soit, peut enrichir l’autre de son expérience spirituelle. Ce ne sont pas les chemins pour aller vers Dieu qui sont multiples, ce sont les chemins de Dieu pour nous joindre qui sont nombreux. Laissons résonner en nous ce que nous dit le pape François : sortons de ce que nous sommes pour prendre le temps de flâner c’est-à-dire accepter de rencontrer l’imprévu que nous offre la Parole de Dieu. Tous nous avons sa lumière qui passe par les fenêtres de nos vies, mais cette lumière est souvent tamisée par les rideaux que nous y mettons, alors sortons dehors nous aurons une lumière plus éclatante.

Le dialogue qui a suivi aura été d’une particulière richesse par les témoignages parfois douloureux vécus dans le quotidien d’une écoute de l’autre, ou de l’incompréhension de l’entourage d’une vie partagée avec une personne d’une autre religion.

Les interventions seront rédigées à partir de l’enregistrement effectué et seront disponibles en septembre sur demande au service du dialogue inter religieux à la maison diocésaine – 11 rue du Clos Gaillard – 26000 Valence.

Xavier de Barbeyrac – diacre-

*************

Dieu nous parle pour que nous nous parlions

Abbaye « Notre Dame » d’Aiguebelle dimanche 7 juin 2015, rencontre islamo-chrétienne du diocèse de Valence.

« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » 1 Tm 2, 4.

L’homme, être inachevé aspire à un plus, à un mieux dans sa vie, et pourquoi pas à l’immortalité. Il désire le salut. Etre sauvé, c’est bien sûr échapper à ces dangers que sont la maladie, la souffrance, la mort. Mais le Salut pour les chrétiens va infiniment plus loin. Il est reçu d’un Dieu qui désire pour nous le meilleur, l’accomplissement plénier de chacune de ses créatures. Le christianisme affirme que nous sommes créés non pour être de dociles consommateurs mais pour partager l’intimité divine en devenant fils et fille de Dieu dans le Christ, son Unique. L’enjeu ici, c’est la très haute vocation de l’homme que viennent nous rappeler les différentes religions, une vocation qui ne peut s’accomplir que dans une relation à Dieu et à nos frères et sœurs en humanité. Trop beau pour être vrai serions-nous tentés de dire ? Et pourtant, c’est vrai !

Impossible d’imaginer une si prodigieuse destinée ! Dieu est venu la révéler aux hommes et cette Révélation a pris la forme d’un « Dialogue de Salut » selon la belle expression de Paul VI. Lorsque Dieu parle, son Verbe est une Personne qui, en s’incarnant, inaugure une étape inédite de l’histoire de l’humanité. Du point de vu chrétien, la Bible est cette Parole consignée par écrit par des auteurs inspirés. Le texte entier rend compte d’un évènement fondateur : la naissance parmi les hommes de Jésus Christ, Fils de Dieu, une prise de chair longuement préparée à travers l’histoire du peuple juif. Nous n’avons pas vu Jésus, mais nous pouvons être des auditeurs qui, grâce aux Saintes Ecritures, entendent les témoins de cette Visitation de Dieu qui ouvre à l’humanité entière de nouvelles possibilités d’être et d’agir. Une invitation à entrer librement dans cette relation voulue par Dieu le Père, à converser avec lui en toute amitié et découvrir notre « profil d’éternité. »

Si Dieu a l’initiative de cette « conversation », il nous appelle à la poursuivre avec tous ceux que nous rencontrons comme l’ont fait de façon exemplaire nos frères de Tibhirine en Algérie en instaurant un « dialogue existentiel » avec leurs voisins musulmans. « Un partage eucharistique de tout le quotidien » comme aimait à le dire leur prieur, Christian de Chergé, partage qui prendra un jour les accents d’un sacrifice sanglant. Lui-même n’hésitait pas à lire chaque matin la Bible et le Coran, en écoutant la Parole résonner dans le texte reçu par l’autre croyant « pour entretenir en lui le goût de Dieu. »

Aujourd’hui, le pape François nous presse de développer « une culture de la rencontre par la pratique du dialogue. » Avec réalisme, il parle pour ce faire de « labeur artisanal », d’une « longue patience » – elle ne sera jamais aussi grande que celle de Dieu à notre égard. S’il prie instamment l’Eglise de sortir d’elle-même pour aller vers « les périphéries existentielles », là où se trouve l’autre différent c’est simplement pour entrer plus avant dans le dynamisme qui anime le cœur de Dieu. Sortir de nos peurs, de nos préjugés, de toutes formes d’exclusions pour recevoir de l’autre, croyant ou pas, une image de Dieu que nous ne sommes pas. Et ce faisant, imiter Dieu qui s’émerveille devant sa création. Dieu premier contemplatif, Dieu éperdu d’admiration… Dieu Pauvre de nous.

Sœur Bénédicte de la Croix, ocso, abbaye « Notre Dame de Bon Secours. »

aiguebellesrBene

https://www.facebook.com/fondationdelentreconnaissance/posts/1079850982043685

« Dieu nous parle

Parlons entre nous »

Tel était le thème de la 17ème rencontre islamo-chrétienne à l’abbaye Notre-Dame d’Aiguebelle. Accueil toujours aussi chaleureux pour les quelques 180 personnes venant de la région Rhône-Alpes pour écouter Sœur Bénédicte de la Croix cistercienne de l’abbaye Notre-Dame du Bon Secours à Blauvac(84), fine connaisseuse des écrits et de la spiritualité de Christian de Chergé (abbé de Tibhirine) qu’elle citera de nombreuses fois, et Hafid Ouardiri directeur de la fondation pour « l’Entre Connaissance » qui œuvre depuis 30 ans pour la meilleure connaissance possible des cultures et autres religions, la connaissance qui est le seul chemin possible de la paix. L’un et l’autre avaient convenu de limiter leurs interventions afin de laisser davantage de temps aux questions des participants. Ils ont posé les jalons sur une prise de conscience d’un Dieu qui se risque à nous parler et à attendre notre réponse. Tout dialogue n’est-il pas un risque à assumer ?

Si les deux intervenants ont su manier l’humour, monsieur Ouardiri s’excusant de parler à côté d’une « femme voilée » (voir photo), c’était pour nous faire rentrer dans la profondeur de ce geste divin d’un Dieu qui parle, un Dieu qui lui-même ne manque pas d’humour.

Dieu parle, c’est une certitude, mais pour nous dire quoi ? Que chacun est invité à participer à sa Vie, il veut le meilleur pour tous (lettre de Paul à Timothée). Comment s’y prend-il ? Par l’initiative d’un dialogue, car il s’agit bien d’un dialogue si Dieu parle il attend notre réponse, et nous avons cette incroyable liberté de ne pas la donner. Alors parce qu’il y a des réticences à l’écouter, Il va jusqu’à envoyer son Verbe fait chair (Jean) chef d’œuvre d’amour que l’Incarnation. Voilà la grande pauvreté de Dieu : s’engager dans un dialogue sans avoir la certitude d’une réponse, Dieu n’impose rien, il parle sans créer une quelconque contrainte.

Notre réponse nous dit Christian de Chergé peut se faire jusque dans les petits gestes journaliers, les limites du dialogue se trouvent non dans les sommets de l’intellect, mais dans la simplicité de chaque geste quotidien car chacun revêt une dimension spirituelle : un sourire, une poignée de main, un regard bienveillant même à l’inconnu, même à celui qui nous indiffère, même à celui qui nous est antipathique, c’est toujours une réponse à Dieu qui est faite, l’inverse aussi du reste qui est un refus de réponse à Dieu.

La Parole de Dieu peut être consignée dans la Bible, le Coran ou beaucoup d’autres spiritualités dont l’homme a besoin, mais elle ne peut rester enfermée dans des écrits, même si ceux-ci sont des références. Alors il nous faut dialoguer avec notre foi construite dans notre tradition, parce qu’on ne peut couper l’homme de sa source, pour aller à la rencontre de l’autre. Il est vain d’utiliser nos différences pour s’entretuer. La richesse de la Parole de Dieu est d’ouvrir à la rencontre en restant dans une attitude de miséricorde parce que l’autre à les mêmes besoins que moi. Monsieur Ouardiri de fustiger les pasteurs de quelques religions qu’ils soient, qui se prennent pour les « fondés de pouvoir » de Dieu, leur prêche se font trop souvent en fonction de ce que les fidèles aiment entendre. Dieu seul sait ce qu’il faut à chacun et chacun, quel qu’il soit, peut enrichir l’autre de son expérience spirituelle. Ce ne sont pas les chemins pour aller vers Dieu qui sont multiples, ce sont les chemins de Dieu pour nous joindre qui sont nombreux. Laissons résonner en nous ce que nous dit le pape François : sortons de ce que nous sommes pour prendre le temps de flâner c’est-à-dire accepter de rencontrer l’imprévu que nous offre la Parole de Dieu. Tous nous avons sa lumière qui passe par les fenêtres de nos vies, mais cette lumière est souvent tamisée par les rideaux que nous y mettons, alors sortons dehors nous aurons une lumière plus éclatante.

Le dialogue qui a suivi aura été d’une particulière richesse par les témoignages parfois douloureux vécus dans le quotidien d’une écoute de l’autre, ou de l’incompréhension de l’entourage d’une vie partagée avec une personne d’une autre religion.

Les interventions seront rédigées à partir de l’enregistrement effectué et seront disponibles en septembre sur demande au service du dialogue inter religieux à la maison diocésaine – 11 rue du Clos Gaillard – 26000 Valence.

Xavier de Barbeyrac – diacre-

Dieu nous parle pour que nous nous parlions

Abbaye « Notre Dame » d’Aiguebelle dimanche 7 juin 2015, rencontre islamo-chrétienne du diocèse de Valence.

« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » 1 Tm 2, 4.

L’homme, être inachevé aspire à un plus, à un mieux dans sa vie, et pourquoi pas à l’immortalité. Il désire le salut. Etre sauvé, c’est bien sûr échapper à ces dangers que sont la maladie, la souffrance, la mort. Mais le Salut pour les chrétiens va infiniment plus loin. Il est reçu d’un Dieu qui désire pour nous le meilleur, l’accomplissement plénier de chacune de ses créatures. Le christianisme affirme que nous sommes créés non pour être de dociles consommateurs mais pour partager l’intimité divine en devenant fils et fille de Dieu dans le Christ, son Unique. L’enjeu ici, c’est la très haute vocation de l’homme que viennent nous rappeler les différentes religions, une vocation qui ne peut s’accomplir que dans une relation à Dieu et à nos frères et sœurs en humanité. Trop beau pour être vrai serions-nous tentés de dire ? Et pourtant, c’est vrai !

Impossible d’imaginer une si prodigieuse destinée ! Dieu est venu la révéler aux hommes et cette Révélation a pris la forme d’un « Dialogue de Salut » selon la belle expression de Paul VI. Lorsque Dieu parle, son Verbe est une Personne qui, en s’incarnant, inaugure une étape inédite de l’histoire de l’humanité. Du point de vu chrétien, la Bible est cette Parole consignée par écrit par des auteurs inspirés. Le texte entier rend compte d’un évènement fondateur : la naissance parmi les hommes de Jésus Christ, Fils de Dieu, une prise de chair longuement préparée à travers l’histoire du peuple juif. Nous n’avons pas vu Jésus, mais nous pouvons être des auditeurs qui, grâce aux Saintes Ecritures, entendent les témoins de cette Visitation de Dieu qui ouvre à l’humanité entière de nouvelles possibilités d’être et d’agir. Une invitation à entrer librement dans cette relation voulue par Dieu le Père, à converser avec lui en toute amitié et découvrir notre « profil d’éternité. »

Si Dieu a l’initiative de cette « conversation », il nous appelle à la poursuivre avec tous ceux que nous rencontrons comme l’ont fait de façon exemplaire nos frères de Tibhirine en Algérie en instaurant un « dialogue existentiel » avec leurs voisins musulmans. « Un partage eucharistique de tout le quotidien » comme aimait à le dire leur prieur, Christian de Chergé, partage qui prendra un jour les accents d’un sacrifice sanglant. Lui-même n’hésitait pas à lire chaque matin la Bible et le Coran, en écoutant la Parole résonner dans le texte reçu par l’autre croyant « pour entretenir en lui le goût de Dieu. »

Aujourd’hui, le pape François nous presse de développer « une culture de la rencontre par la pratique du dialogue. » Avec réalisme, il parle pour ce faire de « labeur artisanal », d’une « longue patience » – elle ne sera jamais aussi grande que celle de Dieu à notre égard. S’il prie instamment l’Eglise de sortir d’elle-même pour aller vers « les périphéries existentielles », là où se trouve l’autre différent c’est simplement pour entrer plus avant dans le dynamisme qui anime le cœur de Dieu. Sortir de nos peurs, de nos préjugés, de toutes formes d’exclusions pour recevoir de l’autre, croyant ou pas, une image de Dieu que nous ne sommes pas. Et ce faisant, imiter Dieu qui s’émerveille devant sa création. Dieu premier contemplatif, Dieu éperdu d’admiration… Dieu Pauvre de nous.

Sœur Bénédicte de la Croix, ocso, abbaye « Notre Dame de Bon Secours. »

Agenda

En dialogue

En Dialogue 18

Le mariage islamo-chrétien

Mariages Catholique-Musulman(e) - cliquez sur l'image

Twitter