La France a rendu hommage au Père Jacques Hamel

L’émotion était grande, ce mercredi 26 juillet au matin, à Saint Etienne du Rouvray. L’église était trop petite pour accueillir tous les Stéphanais désireux de venir rendre hommage à leur curé, assassiné il y a un an. Ils étaient venus nombreux : de toutes conditions, de toutes origines, de toutes croyances, de tous âges…

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Dans l’église, se sont retrouvés autour de la famille et des victimes de l’attentat, en particulier Sœur Hélène, Sœur Danièle et Sœur Huguette, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque émérite de Rouen, prêtres et diacres du diocèse, et la communauté paroissiale. Mais étaient également venus le Président de la République, Emmanuel Macron, le Premier ministre, Edouard Philippe, et le Président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius.

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Au début de la célébration, Mgr Dominique Lebrun rappela qu’ « il y a un an, jour pour jour, heure pour heure, le Père Jacques Hamel célébrait la messe, ici même. En ce 26 juillet, il fêtait sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie ». Il donna le sens de cette célébration en ces termes : « Malgré l’horreur vécu, sachons remercier le Seigneur pour le bien qu’Il nous a donné de vivre depuis l’assassinat du Père Hamel. Non, la haine n’a pas triomphé et elle ne triomphera pas. Recueillons-nous et, si nous le voulons bien, prions, prions sous le regard de la croix de Jésus. Elle est là où le Père Hamel a donné sa vie ». Dans l’homélie, il évoqua combien sa mort est devenu source de vie :

« Sa mort, sa vie crient mais elles inspirent. Des hommes et des femmes, j’en suis témoin, cherchent de nouveaux chemins. Ils les cherchent en découvrant et recevant le Père Jacques Hamel dans leur vie : un homme parmi les hommes, un prêtre parmi les prêtres, fidèle, simple, ordinaire. Alors, des artistes se mettent à composer des poèmes, écrivent des livres, réalisent des objets d’art … d’autres choisissent le silence pour mieux entendre le Père Jacques Hamel.
Sa vie, sa mort crient, inspirent et parlent. Elles parlent même doucement. La Parole, dit Jésus, est comme une semence, des grains qui tombent sur le sol. Cela ne fait guère de bruit. Le Père Jacques Hamel parle doucement quand apparaît dans notre cœur non plus des images atroces mais sa discrétion, sa persévérance, sa fidélité, sa générosité, sa vie donnée. Sa vie, sa mort parlent quand, dans notre cœur, nous apercevons les premiers fruits du drame : l’amitié, la concorde, le dialogue, en somme l’amour vainqueur, bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer ». 

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Après la messe, fut inaugurée une stèle, à savoir un grand disque de 2,50m de diamètre mêlant hommages au père Hamel et symboles de fraternité , réalisé par Vincent Bécheau et Marie Laure Bourgeois, deux artistes originaires du Périgord. Par ce monument, au-delà du travail de mémoire, la municipalité de Saint-Étienne-du-Rouvray  veut adresser un message de paix et de fraternité. L’oeuvre mêle différents profils, différents visages – dont celui du père Hamel – qui sont là pour dialoguer et s’entendre, et la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, gravée dans la pierre.

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A cette occasion, le Président de la République prononça un discours où il évoqua le Père Hamel et les valeurs de la République :

« Le visage de Jacques HAMEL est devenu le visage de ce qui, en nous, refuse cette culture de mort, et ce terrorisme arrogant. Le sourire de Jacques HAMEL est devenu ce sourire de résistance, celui de l’humanisme qui se tient droit face à l’obscurantisme.
Dans sa vie humble, toute offerte aux autres, dans la force d’âme des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul tentant de dialoguer avec les assassins, les Français ont reconnu une part d’eux-mêmes. Cette part d’eux-mêmes qui se retrouve dans notre texte, dans cette déclaration, dans ce qui est le fondement même de notre République.
La République, oui, repose sur l’amour et le respect de l’humanité. Chacun œuvre à cet idéal, avec ses croyances, avec sa philosophie, sa morale. Lorsque c’est la foi qui soutient cet idéal, elle a toute sa place dans la République. C’est pour cela que la République garantit la liberté de croire, comme celle de ne pas croire. C’est pour cela qu’elle protège les lieux de culte et les représentants des religions.
La République n’a pas à combattre une religion, ni à vouloir se substituer à elle. Elle œuvre chaque jour à ce que chacun puisse croire ou pas dans l’intensité et l’intimité de sa foi. En homme libre.
Mais chaque religion, dont les responsables sont ici présents, et je les en remercie, a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli, la réduction de ce que nous sommes ne puissent triompher. C’est un combat long, et il se mène chaque jour.
Ici, vous l’avez emporté. Car elle est là, elle est là aussi la force de notre nation, dans cette capacité à entendre et faire siennes les paroles de fraternité et de charité que l’Eglise de France prononça voici un an ; dans cette capacité à réunir autour du corps supplicié d’un prêtre l’imam, le pasteur et le rabbin ».

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Dans la soirée, la communauté musulmane rendit hommage au Père Jacques Hamel en venant se recueillir devant sa tombe dans le « carré des prêtres » au cimetière de Rouen.

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