SESSION DE FORMATION DES DÉLÉGUÉS DIOCÉSAINS

ORSAY – 5-7 FÉVRIER 2016

Individu, communautarisme identitaire et vivre ensemble dans la société française aujourd’hui

(Ci-dessous, quelques notes prises par le SNRM)

Les délégués diocésains de toute la France, chargés spécialement des relations avec les musulmans ou plus largement du dialogue interreligieux par l’évêque de leur diocèse, se sont réunis pour une session de formation du 5 au 7 février 2016 à Orsay (Région parisienne) pour réfléchir aux relations entre individu et communauté, attitude croyante et attitude citoyenne.

intervenants extérieurs

* Monseigneur Michel Dubost, évêque d’Evry, président du Conseil pour le dialogue interreligieux à la Conférence des Évêques de France

* Mr Dominique AVON : professeur en histoire contemporaine et directeur du Centre de recherches historiques de l’Ouest, Université du Maine, co-directeur de l’Institut du pluralisme religieux et de l’athéisme (IPRA – Nantes/Le Mans).

* Mr Omero MARONGIU-PERRIA : sociologue de l’ethnicité et des religions (Maghreb, islam), spécialiste en politiques publiques et management de la diversité.

* Père Thierry-Marie COURAU : religieux dominicain, ingénieur, diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises, doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses à l’Institut catholique de Paris, spécialiste de théologie des religions, du bouddhisme et du management lié à l’interculturel et à la diversité.

* Monseigneur Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille, théologien

Introduction de la session avec Mgr Dubost:

L’évêque chargé d’accompagner le travail du SNRM termine sont intervention devant les délégués avec trois points d’attention sur le thème: « que faut-il faire aujourd’hui? »

– On ne peut pas avancer (dans le dialogue) avec les musulmans si l’on n’avance pas avec les catholiques. Les délégués diocésain doivent assumer un service d’unité.

– Il faut avancer dans la connaissance pour lutter contre les préjugés. Mais la connaissance donne un pouvoir et il faut faire en sorte que cette connaissance vienne aussi des musulmans pour ne pas plaquer d’emblée notre grille de compréhension sur leur religion et leurs pratiques.

– Il faut oser distinguer entre l’hospitalité et le vivre avec. L’Hospitalité, c’est recevoir l’autre tel qu’il est. « Vivre avec » suppose un certain nombre d’aménagements afin de voir comment chacun peut garder son originalité tout en s’intégrant dans la culture générale

Dominique Avon et Omero Marongiu sont chargés de la mise en perspective historique et sociologique des évolutions dans la société française et au-delà:

Leurs interventions traitent des points suivants

• Comment conjuguer les droits des individus/citoyens avec ceux des communautés de manière à construire une culture commune ?

• Peut-on entrevoir pour la culture moderne occidentale une possibilité de « s’assumer » comme porteuse de dimensions religieuses, de valeurs religieuses ? A quel prix pour l’éthique citoyenne, pour les communautés confessantes et pour les personnes ?

• Qu’est-ce que s’engager politiquement en France quand on est croyant? Que nous apprend l’évolution historique de notre pays ?

• Y-a-t’il une place pour des accommodements raisonnables comme dans certains pays d’Amérique du Nord? La France peut-elle vraiment considérer qu’il n’y a « que des citoyens? ».

• La question précédente rebondit avec la question de savoir si les dérives radicales religieuses ont aussi un versant théologique. Qui est habilité à conduire les croyants dans certaines évolutions étant donné leur « appartenance » religieuse et citoyenne : l’État, les instances religieuses légitimes, les universitaires…. ?

• Que penser de certaines évolutions qui se produisent dans des pays de tradition musulmane: réveil citoyen, aspirations démocratiques, déclaration en faveur des droits des minorités et des libertés fondamentales?

• Comment les religieux peuvent-ils fonder les évolutions réclamées par la conscience moderne? Faut-il trouver dans les sources et traditions anciennes (religieuses) les clefs de l’ouverture à la vie citoyenne moderne ou prendre le risque de repenser le projet religieux et citoyen à partir de notions nouvelles qui viennent interpeller les religions tout en rejoignant leurs ambitions les plus essentielles?

volet théologique et pastoral: Le Père Thierry-Marie Courau aborde les questionnements et les enjeux théologiques, spirituels et pastoraux en fonction des apports des deux précédents intervenants:

Comment aider les chrétiens, à vivre de manière féconde l’interaction entre la société sécularisée démocratique gérée par un État laïc et l’identité confessante dans le contexte actuel marqué par la pluralité des convictions ?

Nos trois intervenants principaux nous proposent chacun pour finir un condensé de leur réflexion du moment, en trois points (une règle d’or, un point d’attention, une invitation)

Thierry Marie Courau :

• règle d’or : ne pas être tenté par la confusion qui conduit à la division. Être un être de solitude pour, avec d’autres solitudes, entrer en communion

• point d’attention : apprendre à se taire pour apprendre à écouter

• invitation : « si vous avez peur, n’ayez pas peur de votre peur, accueillez la, aimez la, cela permettra d’aimer les autres avec leur peur. »

Dominique Avon :

• règle d’or : s’attacher aux faits. Ne pas projeter ce que l’on souhaite mais ce qui est réellement

• point d’attention : les questions sociétales ou pastorales ne doivent pas être pensées uniquement dans le cadre français. Toutes ont une dimension universelle. On ne vit pas dans un espace clos mais ouvert à tous les vents.

• invitation : privilégier la rencontre des personnes, l’attention aux personnes: « reconnaissez des personnes et elles vous reconnaîtront comme des personnes ».

Omero Marongiu-Perria :

• règle d’or : la prise de distance. Ne jamais faire les choses par réaction pour ne pas être pris par l’émotion et les sentiments.

• point d’attention : ne jamais oublier qu’à côté de nous il y a des hommes et des femmes qu’il faut considérer au- delà de leurs appartenances : attention aux étiquetages qui déshumanisent.

• invitation : « poursuivons le chemin commun »